Le Relais de l’or maudit a été réalisé en 1952 par Roy Huggins, romancier puis scénariste qui fera surtout une grande carrière de producteur de séries TV. Il ne persévèrera pas dans la réalisation et c'est peut-être dommage. Dans leur ouvrage « 50 ans de cinéma américain », Bertrand tavernier et Jean-Pierre Coursodon notent, pour ses scénarios : « Roy Huggins mérite d’être cité pour la nostalgie qu’il a gardée pour le film noir. Du thriller il a conservé l’ambiance trouble, les péripéties nombreuses, les points de départs étranges ou originaux, l’ambiguïté morale ». Parmi ses scripts on peut citer Gun Fury (Bataille sans merci 1953) de Raoul Walsh, Three Hours to Kill (1954) de Alfred Werker ainsi que le formidable film noir Pushover (Du plomb pour l’inspecteur 1954) de Richard Quine avec Kim Novak et Fred Mac Murray.
En 1952, à 38 ans, il scripte et met en scène ce Hangman’s Knot, petit budget comme les produisaient habilement Randolph Scott et son associé Harry Joe Brown. Le film se révèle à la fois personnel dans sa vivacité et sa sécheresse, n'a rien à envier aux opus de Gordon Douglas et autres André De Toth et annonce le style de Budd Boetticher.


Pas de temps morts, ni dans les poursuites dans les grandes rocailles ni dans le huis-clos et une mise en scène simple et efficace. Le mal est dans les deux camps, celui des poursuivants et celui des poursuivis (personnages de Lee Marvin et Frank Feylen). Et, dans ces deux camps, il y a des conflits internes. On peut noter, entre autres scènes, l'excellente poursuite de la diligence parfaitement réglée par le cascadeur habituel de John Wayne, Yakima Canutt et l'enfumage des assiégés du relais pendant une violente tornade nocturne.
Les personnages sont tout à fait conventionnels comme le sont ceux des tragédies classiques. Et comme il s'agit d'un pur western, on ne connaît rien de leurs passés sinon que, certains sont, depuis cinq ans, des soldats de l'armée confédérée.


L'impassible Randolph Scott (avant Eastwood et les autres sphynx) est le solide pilier de l'histoire et, comme ce sera toujours le cas, il met volontairement en valeur ses partenaires parmi lesquels on trouve le jeune Claude Jarman R (le Jody de The Yearling -Jody et le faon- 1946, le héros de Intruder in the Dust -L’Intrus- 1949 et le fils de John Wayne et Maureen O’Hara dans Rio Grande 1950), la toujours parfaite Donna Reed et aussi, dans l'une des premières apparitions, Lee Marvin qui se mesurera deux autres fois à Randolph Scott, dans Les Massacreurs du Kansas (The Stranger Wore a Gun) d'André de Toth et dans le formidable Sept hommes à abattre (Seven Men from Now) de Budd Boetticher.


En résumé, ces 81 minutes sans génie et sans ennui, sans chute de tension, m'ont été très agréables comme elles le seront, j'en suis sûr, aux amateurs du genre.

p3i
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs westerns

Créée

le 13 mai 2017

Critique lue 439 fois

10 j'aime

9 commentaires

p3i

Écrit par

Critique lue 439 fois

10
9

D'autres avis sur Le Relais de l'or maudit

Le Relais de l'or maudit
SanFelice
7

L'excellence de la série B

En voyant la maîtrise déployée dans ce film, il est difficile de croire que Le Relais de l’or maudit est la seule réalisation de Roy Huggins pour le grand écran. Selon IMDB, Huggins réalisera...

le 7 oct. 2020

23 j'aime

6

Le Relais de l'or maudit
Ugly
6

Traque sudiste

Comparé aux grands westerns de Budd Boetticher comme Sept hommes à abattre, la Chevauchée de la vengeance, Comanche Station ou L'Aventurier du Texas... le Relais de l'or maudit peut apparaitre comme...

Par

le 31 mai 2017

12 j'aime

11

Le Relais de l'or maudit
p3i
8

Pépite

Le Relais de l’or maudit a été réalisé en 1952 par Roy Huggins, romancier puis scénariste qui fera surtout une grande carrière de producteur de séries TV. Il ne persévèrera pas dans la réalisation et...

Par

le 13 mai 2017

10 j'aime

9

Du même critique

Manon des sources
p3i
8

Deux versions incomparables.

Il faut préciser que quand, dix ans après son film d'esprit marseillais en deux parties "Manon des sources" et "Ugolin", Pagnol a écrit "L'eau des collines", il a lui-même remis les faits dans...

Par

le 2 févr. 2015

19 j'aime

12

Un revenant
p3i
9

La vie est un théâtre d’ombres.

Le film est inspiré d’une histoire réelle survenue dans les années vingt. Et le film commence : Une vision légère et... noire. Les extérieurs d'entre Saône et Rhône permettent de situer l'action dès...

Par

le 22 févr. 2015

17 j'aime

5

Manon des sources
p3i
10

Les versions incomparables

Il faut préciser que quand, dix ans après ce film d'esprit marseillais, Pagnol a écrit "L'eau des collines", il a lui-même remis les faits dans l'ordre chronologique et a créé une atmosphère sombre...

Par

le 2 févr. 2015

15 j'aime