Petit film de folk horror britannique au concept simple mais divertissant : 4 amis partent en rando en Suède en mémoire de leur ami défunt, et décident de prendre un raccourci en s'aventurant hors-piste dans les bois... des bois dont il sera difficile de ressortir vivant.
La première moitié du film se concentre ainsi sur l'ambiance et l'atmosphère effrayante de ces bois inconnus et trompeurs, accablant nos 4 protagonistes de visions horrifiques et dissimulant une terrible menace. Au début trop sûrs d'eux et de leurs capacités, ils doivent alors faire face à l'immensité d'une nature sauvage et hostile, perdant peu à peu tous leurs moyens, leurs repères et leurs certitudes.
Le point positif principal de "The Ritual" est à mon sens la représentation glauque et pesante de la forêt, non seulement en tant qu'environnement mais aussi comme un personnage à part entière. Il s'agit d'une forêt à la Projet Blair Witch, sombre, immense, mystérieuse et inquiétante. Elle constitue selon moi un antagoniste / monstre bien plus convainquant et terrifiant que n'importe quel démon, esprit, créature ou autre croquemitaine - par son étendue démesurée, son obscurité profonde, sa faculté à perdre et plonger dans la confusion ceux qui osent s'y aventurer. Elle semble littéralement infinie et toute puissante, telle une divinité pourvue de milliers de branches griffues, prête à emprisonner pour l'éternité ses pauvres arpenteurs.
La seconde partie casse en revanche en partie cette atmosphère si réussie en révélant la clé du mystère. Dommage, car le film aurait gagné à entretenir plus longtemps l'ignorance et l'incompréhension dans lesquelles étaient plongés les personnages.
On apprend en effet que les bois cachent non seulement une véritable créature meurtrière - une sorte de divinité du folklore nordique appelée "Jötunn" -, mais aussi toute sa cohorte de fidèles, une véritable secte traquant les randonneurs pour les offrir en sacrifice.
Cette seconde partie présente malgré tout de bonnes idées : l'aspect inquiétant des membres de la secte, l'assemblée momifiée des premiers adorateurs, et bien sûr le design original et monstrueux de Moder, sorte de Wendigo tout droit sorti des enfers et au regard glaçant.
J'ai aussi quelques réserves pour la fin en mode "happy-end". Finalement, et alors que tout semble perdu, notre héros Luke parvient à triompher du mal - sans doute avantagé par le fait qu'il a déjà regardé la mort en face auparavant, rongé par la culpabilité et la douleur d'avoir vu un de ses meilleurs amis être tué sous ses yeux impuissants et d'avoir survécu. Cette fin entre en discordance avec l'ambiance générale glauque, désespérée et cruelle du film, mais aussi avec les pouvoirs démesurés de la créature (logiquement avantagée par sa force physique, sa vitesse et son agilité, ainsi que par sa connaissance des bois et sa capacité à infliger des illusions cauchemardesques à ses victimes, jusqu’à les pousser dans la folie.