Le Roi Lion
7.8
Le Roi Lion

Long-métrage d'animation de Roger Allers et Rob Minkoff (1994)

Condensé de subjectivité pour ma madeleine de Proust OU qui est des annees 90's ?

Bon. Ben... j'essaie, hein. Je vous jure que j'essaie. Je me poste devant dans cette seule idée de ne pas me laisser emporter et d'analyser la chose. Non, parce que la subjectivité, généralement, j'essaie d'éviter. Oui, mais voilà. À chaque fois que je regarde ce film, je finis toujours par oublier complètement mon but d'analyse et à me laisser emporter dans un tourbillon d'émotions, de rires, de pleurs, de soupirs... et j'ai des frissons. Alors, j'ai fini par totalement abandonner l'idée de ne plus me laisser emporter et de changer un peu ma manière de parler des films pour me replonger dans mes émotions d'enfance... Tout simplement.


Déjà, il y a cette introduction, la plus belle de Disney. Ces animaux africains, qui, du plus petit au plus grand, viennent célébrer, dans des paysages typiques et remarquables, la beauté d'une naissance. Le tout sur une superbe musique qui, immediatement, nous plonge dans une ambiance prenante et impressionante... Cette introduction introduit avec réussite, mais sans qu'un seul mot ne soit dit, Mufasa dont la sagesse et la gentillesse nous sont immédiatement visibles, Rafiki et Simba qui, encore bébé, arrive à être attachant à la seconde ou il apparaît à l'écran. À ce stade, je peux encore essayer d'analyser, mais comme cette scène est parfaite, ca ne sert pas à grand chose. Ensuite, l'histoire commence véritablement avec une présentation tout aussi efficace de Scar qui, avec ses allures de bourgeois, est particulièrement retors et réussi. Généralement, je commence à oublier que j'essaie d'analyser à l'instant où Zazu dit cette réplique savoureurse : "Je le verrais assez bien en carpette", qui m'amuse. Et à partir du moment où ce plan avec l'acacia, accompagné de sa superbe musique, est là, on m'a définitivement perdue.
Ce qui m'a toujours touché dans Le Roi Lion, moi qui suis une adoratrice de la nature, c'est son hommage superbe fait aux animaux et à l'Afrique sauvage. Chaque plan large est une merveilleuse image de la nature, magnifiée, personnage à part entière que l'oeil savoure sans se lasser. La savane, le désert, la jungle sont merveilleusement représentés, mais ce sont surtout les animaux qui gagnent la palme, de par leur animation crédible, leurs comportements réalistes, que l'on retrouve jusque dans des éléments de l'histoire. Eh oui, dans la vraie savane, hyènes et lions se détestent effectivement cordialement ! Ces animaux, humanisés bien sur, n'en gardent pas moins, en apparence, beaucoup de traits qui nous les montrent comme de vrais animaux. En fait l'animation des animaux est ici aussi belle que dans La belle et le clochard, un classique du genre. Puisque l'on est dans l'aspect visuel, j'ajouterais que depuis toute petite (avant mes 4 ans), il y avait un nombre impressionnant de scènes qui me collaient (et elles le font toujours) des frissons, non pas de peur, mais bien par leur beauté intrinsèque. Ce sera, par exemple, la scène ou Simba joue avec son père, celle ou il revient sur la Terre des Lions en traversant le désert, celle ou Mufasa apparaît dans le ciel étoilé ou celle ou Simba, encore inquiet, accepte de prendre ses responsabilités et de monter sur le rocher... Toutes ces scènes, m'émerveillaient enfant et le font toujours. Je n'évoquerais même pas la scène de la mort de Mufasa. Je suis immunisée contre les larmes à force de visionnage, mais pour toute autre personne, cette scène est d'une puissance innomable et d'une grande émotion...


Ces scènes, je l'avoue, tiennent beaucoup à la réussite de leur musique. Hans Zimmer signe avec ce film une bande originale superbe. Chaque émotion y est décuplée par sa composition. La bande originale est tout simplement remarquable. D'ailleurs, l'écouter seule, en dehors du visionnage du film, est également un plaisir. Les chansons, toutes très célèbres, font également partie des meilleurs des films du studio, grace cette fois à Elton John. "Can you feel the love tonight" a des paroles certes un peu guimauve en français, (en même temps, c'est une chanson d'amour pour un Disney.) mais une très jolie mélodie qui accompagne merveilleusement les retrouvailles entre Simba et Nala. "Hakuna Matata", pleine de joie, est la philosophie de vie la plus facile à tenir jamais proposée. "Soyez prêtes" est une chanson de méchant qui fait bien froid dans le dos pour présenter les desseins de Scar (et critiquer les regimes totalitaires au passage). "Je voudrais déjà ête roi" nous présente le rêve du jeune Simba avec efficacité et une mise en scène travaillée. D'ailleurs, notez que l'idée de gouverner du petit est, dans ce qu'il chante, celle que Scar aura, ce qui ammène la principale réflexion sur le pouvoir (mais j'y reviendrais). Et puis, il y a "L'histoire de la vie" qui, selon moi, est la meilleure du film, devant les plus connues et citées.


Ensuite, si j'étais totalement dingue de ce film, c'est pour la réussite de ses personnages et de son scénario. Les personnages sont tous attachants. Simba, en premier lieu, que l'on découvre enfant. Turbulent, désobéissant, c'est un petit garçon comme tant d'autre qui, égocentrique, ne réfléchis nullement a ses actes et pour qui le monde n'est qu'un immense terrain de jeu ou il s'imagine pouvoir faire ce qu'il souhaite. Mais alors que son père décéde dans les tragiques circonstances que l'on connaît, le lionceau se retrouve culpabilisé, persuadé de sa culpabilité. Obligé par Scar de fuir, il va subir de très difficiles moments. Apeuré face à ses responsabilités et le regard que sa famille posera forcemment sur lui (si du moins il aurait vraiment été responsable), il préfère oublier et vivre dans l'illusion que tout va bien, innocent, tel l'adolescent qu'il est encore (Hakuna matata !). Mais, rappelé par Nala, Rafiki et son père à ses responsabilités, il se verra obligé de faire face à son passé et de réparer ses torts, devenant du même coup adulte et digne de prendre le pouvoir. L'évolution psychologique du heros est remarquable. Le lion, torturé par son passé, nous montre aisémment que rien, dans le passage à la vie adulte n'est simple. C'est ce que j'aimais aussi dans ce film : les enfants ne sont pas pris pour des idiots et mis, de manière rassurante par son happy-end, face à la dureté de la vie. Autour de Simba d'ailleurs se croisent trois grands thêmes qui sont donc, le passage à l'age adulte, mais aussi toutes les étapes du deuil d'un parent, avec la culpabilité de l'enfant, son envie d'oublier et ses tristesses et peur ; et une réflexion sur le pouvoir. Car si le roi lion est un roi, ici, on critique âprement celui qui monte sur le trône sans avoir les qualités morales pour le faire. Soit, si celui qui dirige est un manipulateur, égoiste, violent, retors, et intéressé par le pouvoir uniquement pour ce dernier comme Scar l'est, cela est forcemment très mauvais pour le pays et le peuple. Mais si celui qui gouverne a conscience de la difficulté de la vie, s'il est prêt à être courageux pour ceux qu'il aime et dirige, s'il est respectueux, alors il sera digne de gouverner, comme Simba l'est à la fin, mais pas au début du film... Donc, si le statut du roi est glorifié ce qui naturellement prête à polémiques, celui du dictateur qui ne prend compte que de ses propres intérêts est, lui, est très critiqué.

Les autres personnages sont également mythiques, que ce soient Nala, une lionne qui domine la relation avec Simba d'un bout a l'autre et qui ne manque pas de force, le tendre et attachant Mufasa, les amusants mais dévoués Timon, Pumba, Zazu et Rafiki, ou même Scar qui, définitivement, ne manque pas de classe.


Enfin, il y a l'humour. Et il y en a pour tous les gouts. Enfant, je riais plus facilement des facéties de Pumba ou de Simba face à Zazu, quand aujourd'hui, j'apprécie plus finement les répliques (le rapport de Zazu est un condensé de drôleries), les parodies (Timon et Pumba, ou la tête et les muscles) et la danse drôlatique de Timon et le kung-fu de Rafiki. Plusieurs degrés d'humour donc, sans que cela ne prenne le pas sur l'emotion.


Bref, je suis totalement et complètement subjective, je ne vais pas prétendre le contraire. Mais j'assume totalement parce que....mais parce que c'est bon, mais que c'est BON parfois d'avoir sa Madeleine de Proust, bon sang !

Presci1508
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le 19 nov. 2016

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Presci1508

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