À quoi reconnaît-on l'amour ? Et que sommes-nous prêts à faire pour le garder ?
Ang Lee
Bon, avant de le voir, pour moi, Le Secret de Brokeback Mountain, c'était ça... Canal + avait vraiment le mérite d'attiser notre curiosité cinématographique.
Il est vrai que l'homosexualité dans les années 60-70, ça ne devait pas être bien facile à assumer. Ce film arrive très bien à retranscrire, à travers une certaine innocence vis-à-vis d'une homosexualité subie, la difficulté d'aller à l'encontre de sa nature et la douleur procurée par le fait de vivre sans.
Aujourd'hui les films sur l'homosexualité, ça fuse, et si je devais le comparer à un film plus récent, ça serait Moonlight. La recherche d'un masque derrière lequel cacher une réalité incontournable. Nous ne sommes pas dans une vulgarité comme on peut la voir dans La Vie d'Adèle, qui se cantonne à de la provocation montrant une image bestiale des homosexuels. Ce qui est bien cool dans Le Secret de Brokeback Moutain, c'est que c'est traité comme une histoire d'amour, même si ça reste un amour interdit, un secret. Comme l'affiche le suggère, avec ces têtes baissées, le film nous parle d'une situation difficile, sans issue.
Mais la difficulté ne concerne ici pas seulement les deux protagonistes, mais aussi tout leur entourage (femmes, enfants et autres rencontres). Il est vrai que plus ou moins involontairement, ils vont réellement faire souffrir leurs familles respectives. Par moment je leur en ai voulu, c'est de la tromperie pure et simple... Mais comment rentrer dans la norme, dans une société qui n'accepte pas ce que nous sommes ?
La douleur des personnages principaux, rarement montrée à l'écran, est toutefois superbement lisible sur ces personnages superbement incarnés par feu Heath Ledger et Jake Gyllenhaal. Les deux acteurs se complètent, et se sont bien approprié les tempéraments très différents des deux personnages.
Jusque-là je cite beaucoup de qualités, mais il est vrai que j'ai quand même trouvé le film un peu long. Très bien au début, une mise en place assez rapide, mais une fin qui s'étend et qui se fait quand même attendre.
Après la mort inopinée de Jack Twist, dont l'annonce ne m'a étonnamment pas fait d'effet, je trouve qu'on n'attend plus grand chose du film, alors qu'il reste encore presque un quart d'heure. Cette lenteur démontrerait-elle le vide dans la vie d'Ennis del Mar ?
Malgré tout, le film est plutôt beau, avec une morale très claire et bien amenée, sans toucher à aucun cliché ni vulgarité. C'est une histoire d'amour, dans tout ce qu'il y a de plus sain, de plus humain.