Cucul pouêt pouêt !

C'est la période des fêtes de fin d'année. La trilogie du Seigneur Des Anneaux de Peter Jackson est diffusée à la télé. Une trilogie cinématographique achevée il y a déjà vingt ans.

D'expérience personnelle, je me rappelle du dessin animé sortie en 1978 par quelques extraits qui passaient à la télévision et qui m'avaient bien marqué, faisaient vraiment peur en montrant des scènes de massacres avec de sombres créatures telles les Orcs et surtout les Nazgûls. Montrer de tels extraits à une génération biberonnée aujourd'hui à Patte Patrouille, Oui Oui ou Miraculous passerait visuellement pour crime pervers au-devant de cerveaux entretenus aux dessins animés inoffensifs graphiquement propres mais lisses et sans saveur (pour le regard d'un adulte). D'un autre bord plus grand public, Disney adaptait bien des œuvres pour les enfants où des personnages malfaisants étaient effrayants aussi, à l'exemple de la belle-mère de reine dans Blanche Neige ou bien de Maléfique dans La Belle Au Bois Dormant, provoquant des terreurs enfantines pendant des années que des marmots actuels regardent probablement. Mais passons ...

Ce film d'animation pâtit cruellement de la comparaison aujourd'hui et depuis deux décennies avec l'adaptation réalisée par Peter Jackson, ce qui est logique après tout. Le DVD en main et un premier et unique visionnage plus tard, on ne peut qu'après constater la consternation devant ce film d'animation - certes où des personnages ont été calqués sur des figurants réels - qui rappelle plus un péplum dans lequel des protagonistes récitent plus leur textes, comme en évidence le personnage d'Aragorn, héros qui n'a pas peur d'attraper une angine des burnes de par sa tenue ridicule. De ridicule, notons également l'apparence des orcs avec des faciès simiesques et certaines coiffes cornues rappelant plus le guerrier amérindien pour certains. De revoir quelques extraits sur le net fait penser à quelque chose de très américanisé aussi. L'attrait involontairement comique a fini par remplacer la frayeur que cette version cinéma du Seigneur Des Anneaux pouvait engendrer.

De plus, pour ajouter à la catastrophe, le film d'animation comprime les parties La Communauté De L'Anneau et Les Deux Tours en une durée d'un peu plus de deux heures. Et qu'il n'y ait pas eu la suite, Le Retour Du Roi, annoncé à la fin de la bataille du gouffre de Helm où le sanglant côtoie le grotesque, laisse suggérer de l'insuccès de la réalisation originale mais assez moche de Ralph Bakshi.

Révolutionnaire peut-être à son époque, ce film est passé dans une désuétude désolante depuis longtemps désormais, serti dans une musique de générique "cucul pouêt pouêt" qui contribue à décrédibiliser plus l'œuvre en accentuant la risibilité provoquée de beaucoup par le côté visuel.