Le second film de Max von Sydow est aussi son premier grand rôle et l'un des chefs-d'œuvre d'Ingmar Bergman. Le talent des deux hommes dans leur domaine respectif est incontestable, tout comme la réussite du film par les surprises qu'il nous donne : la maîtrise fantasmagorique et transcendentale des éclairages qui rend le réalisateur si reconnaissable à travers les décennies, le jeu au naturel des acteurs, fondé sur de littérales « répliques » puisqu'ils répondent les uns aux autres avec précision et spontanéité, l'amertume si bien écrite des personnages dont le film trace l'histoire presque palpable de la quête agnostique du divin dans une Suède ravagée par la peste... C'est actif et concret.
Il est toutefois malheureux que l'analyse, fut-elle brillante et moderne, ne recèle pas de revendication, de sens propre à l'œuvre auquel on pourrait se raccrocher. Le septième Sceau est comme un Œuf de Fabergé : magnifique en apparence, mais il n'abrite aucune vie. On n'a parfois que la curiosité que le film nous évoque pour le remplir... soi-même. Pour faire une autre comparaison, le film est comme une critique de film : elle est le résultat d'un effort de réflexion et d'analyse mais elle est dénuée du sens dont est dôté l'objet même de l'analyse. Il est dommage qu'un aspect aussi important que celui-ci doive coûter autant de points, mais on est confronté au même problème que le personnage de von Sydow lors du visionnage : comment croire à ce qu'on ne voit pas ?
Quantième Art