"Le Septième Voile" fait partie d'une vague de films ambitieux de l'immédiat Après-guerre autour de la psychanalyse, et s'avère en être un excellent représentant qui a eu le droit à un immense succès public dans son pays (d'après IMDB à l'heure actuelle dixième du box-office anglais en nombre d'entrées de tous les temps, c'est pas rien... !!!) et à un Oscar pleinement mérité pour son scénario.

Si quelques fois l'histoire s’embarrasse de quelques redondances explicatives par l'intermédiaire du personnage de psychanalyste joué par excellemment par Herbert Lom, on peut que reconnaître que le scénario a pleinement mérité sa récompense en étant au final beaucoup plus subtil qui le paraissait au premier abord et en regorgeant de dialogues de très haute qualité (celui qui fait le parallèle entre les sept voiles de Salomé avec ceux de la psychanalyse est un bijou !!!).

En grand sadique cinéphile qui se respecte, j'ai essayé de prendre au piège Ann Todd quand elle fait semblant de jouer du piano mais je dois bien reconnaître qu'elle faisait très bien semblant ; avant d'apprendre qu'en fait la comédienne dans la vraie vie se prédestinait à une carrière de pianiste qu'une incapacité à jouer en public a empêchée. Si son interprétation est intense, autant en adolescente sautillante mais renfermée qu'en jeune femme complexée qui devient victime d'un blocage psychologique que seule la musique saura guérir, c'est qu'elle a dû mettre beaucoup d'elle-même.

Face à elle, James Mason montre encore une fois qu'il était imbattable pour incarner à la perfection les personnages ambigus. Ici en pygmalion, haineux des femmes, qui va se montrer implacable avec son élève avant de nous montrer peu à peu qu'il est capable par petites touches d'une bienveillance sincère.

La grande subtilité de l'histoire, c'est que sous l'apparence de nous montrer qu'une seule guérison psychanalytique on va en fait avoir le droit à deux : l'une contre un blocage psychologique, l'autre contre une haine féroce des femmes ; le tout sous l'égide de Beethoven, de Chopin et de Rachmaninoff et d'une réalisation élégante.

Une pépite du cinéma britannique qui mériterait d'être mieux connue de l'autre côté de la Manche.
Plume231
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le 14 mars 2014

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Plume231

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