Après être allé du côté du thriller, Martin Scorsese opère à nouveau un virage à 180° en s'attaquant à un genre dans lequel on n'aurait jamais cru le voir : celui de la romance en costume.
Une histoire d'amour contrariée dans la bourgeoisie du XIXe siècle, avec un tout jeune Daniel Day Lewis qui a prévu de se marier avec une toute aussi jeune Wynona Rider mais qui s'éprend de Michel Pfeiffer parce qu'elle est différente des autres filles de la haute société. Sauf que les conventions et les apparences ont la vie dure et que notre amoureux transi est incapable de se trouver des couilles. On a ainsi droit à une espèce de triangle amoureux pendant plus de 2h.
"Le Temps de l'Innocence" est un drôle de film. Et par drôle, j'entends plutôt raté. Ce n'est pas vraiment une surprise. Si en apparence, notre bon vieux Martin semble aller sur un terrain nouveau, en réalité il brasse toujours des thématiques qui lui sont chères et c'est bien là dessus que le film tient le plus la route : l'exploration des codes et traditions d'une communauté fermée qui emprisonne ses membres dans des schémas préconçus. L'intrigue a beau se passer dans l'aristocratie du XIXe siècle, ce n'est ni plus ni moins qu'un copié collé des Affranchis. Et donc on y retrouve les mêmes défauts, à savoir que c'est bavard et qu'il ne se passe pas grand chose, et surtout qu'à aucun moment le cinéaste n'arrive à transmettre la moindre émotion. Pour Scorsese, l'amour c'est des gens qui discutent pendant des heures sans jamais agir. On se fout royalement des relations entre les trois personnages et le reste des personnages secondaires n'existe pas. Ce que raconte le film n'est pas foncièrement inintéressant mais la façon dont Scorsese filme ça rend le résultat ultra chiant. D'ailleurs, on a peine à croire que ce truc a été tourné pendant les 90's, tout sonne vieux dans ce mélodrame de chambre où on ne parvient jamais à ressentir la moindre empathie pour le sort des protagonistes. C'est une romance, vend moi du rêve vieux, fais moi vibrer, on parle d'amour quand même mais Scorsese ne parvient jamais à insuffler le moindre souffle romanesque à son film. En fait, le cinéaste est incapable de faire autre chose, incapable de se renouveler, même quand il change de genre. Finalement, le film est presque une mise en abîme du cinéma du réalisateur.