"Ici y'a pas de jeu où un pauvre gagne un million.", on a tous la référence, Balram. Avec cette petite phrase, l'intouchable Balram nous a fait comprendre, sans besoin d'un dessin, tout le propos du film Le Tigre Blanc. On n'est pas ici pour suivre une belle histoire de self-made-man, plutôt l'opposé, une histoire "moche" de self-made-man, celui qui s'est fait rabaisser, gifler, humilier, devient un porteur de chapeau et devrait en redemander, mais décide de se venger contre la caste supérieure, au mépris des conséquences sur sa famille... Clairement, le film est trop long. 2H05, comme Slumdog, mais sans la puissance de Slumdog, ce qui revient à une histoire de vie qui a ses moments de mollesse, ses suspens dont on connaît déjà la fin (on devine le choix de Balram bien avant qu'il ne le fasse), et un personnage principal pas très attachant (au début il est assez drôle, surtout lorsqu'il dit pouvoir aller acheter "de l'Internet" au marché ou que sa famille a plein d'ordinateurs au milieu de leurs troupeaux de chèvres... Mais on s'en détache aussitôt qu'il s'avilit par nécessité). Le final est encore ce qui nous a le plus déçu, entre son choix tout vu d'avance quant au Maître et sa finalité évasive : on a un plan en face caméra du héros qui nous raconte des phrases toutes faites sur le "self-made", puis de ses employés, statiques, qui nous regardent longuement sans mot dire... Et fin. C'était censé vouloir dire quoi ?. On est plutôt satisfait d'en apprendre sur l'Inde des Invisibles, de suivre une histoire d'un serviteur à qui il arrive toutes sortes de péripéties, d'avoir une critique des castes inégalitaires et intolérantes, mais l'intérêt s'essouffle vite sur la durée et rate son final. Blanc ou pas, il manquait à ce scénario l'Oeil du Tigre pour être le film coup de poing qu'il méritait d'être.