Après Un homme nommé Cheval (1970) et La Revanche d'un homme nommé Cheval (1976), Le Triomphe... met à nouveau en scène John Morgan, l'aristocrate anglais jadis capturé par les Sioux et devenu l'un d'eux. Bien des années ont passé et Shunka Wakan, l'homme appelé Cheval, est à présent un vieux chef dont l'heure approche. Son ultime but : préserver la paix dans les Black Hills du Dakota du Sud, terres octroyées à son peuple par décision gouvernementale, où affluent aujourd'hui des chercheurs d'or forcément peu scrupuleux. Revenu de l'Est où il a reçu l'éducation des Blancs, son fils Koda semble le seul en mesure d'empêcher la guerre...


Suite de suite, ce troisième volet n'arrive clairement pas à la cheville des deux premiers, qui brillaient chacun dans un style bien différent - récit initiatique pour le premier, film d'action pour le second. Réalisé par l'Anglais John Hough, c'est clairement un produit des années 80 avec ce que ça suppose de plans hasardeux, de montage mal fichu et d'abus de synthétiseur dans la bande-son. Pourtant, ça se regarde sans trop d'ennui : au plaisir (bien que de courte durée) de retrouver Richard Harris s'ajoute celui de voir le fougueux Michael Beck savater et flinguer du vieux prospecteur dégueu !


Finalement, le plus intéressant dans tout ça reste le contexte historique du film. Le générique de fin indique qu'après le traité de fort Laramie en 1868, qui octroyait la possession des Black Hills à la nation sioux, le gouvernement américain est revenu sur sa parole lorsque de l'or y a été découvert, en 1874. Après des négociations infructueuses, Washington a tout simplement déclaré la guerre aux Indiens au printemps 1876 ! C'est dans ce contexte que s'inscrivent la bataille de Little Big Horn (juin 1876), cuisante défaite américaine, et la victoire finale des Tuniques bleues l'année suivante suite à la reddition de Crazy Horse et à la fuite de Sitting Bull au Canada. En 1921, les tribus sioux se résolurent à déposer une plainte auprès de la Cour suprême, qui ne fut jugée qu'en... 1980. Celle-ci reconnut les torts du gouvernement de l'époque et infligea à son successeur une amende d'environ 150 millions de dollars, la plus élevée jamais émise dans l'histoire juridique des États-Unis, mais les chefs sioux refusèrent la compensation, accepter l'argent revenant à entériner le vol de leurs terres sacrées. Quarante ans plus tard, l'affaire n'est toujours pas réglée : l'une des populations les plus pauvres du pays continue à dire non à une enveloppe qui s’élèverait aujourd'hui, amende et intérêts compris, à plus d'un milliard de dollars...

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le 10 sept. 2019

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The Maz

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