Le Triporteur par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Antoine Peyralout et son triporteur, c'est une histoire d'amour. Il faut dire que cet engin à trois roues va servir à des activités très diverses et qu'ensemble ils vont vivre des aventures énormes. Antoine est un jeune homme ne débordant pas de courage pour son travail de livreur pour le compte d'un brave pâtissier. Toutefois c'est surtout sa passion pour le football qui le mine car il est un fervent supporter du petit club local de Vauxbelles en Bourgogne. A la fin d'une saison exceptionnelle le club arrive en finale de Coupe de France. L'occasion est trop belle, Antoine décide de faire le déplacement à Nice... en triporteur.


C'est vrai que notre Antoine est un personnage un peu bizarre, aussi lunaire que bavard et de plus assez maladroit dans ses livraisons.Il est impossible de savoir si les gâteaux arriveront à bon port à l'heure voulue et surtout en bon état. Le service s'effectue pourtant avec un triporteur mais le pauvre engin ne garantit rien. Pour essayer d'avoir plus d'attention dans son travail il serait souhaitable que notre livreur pense un peu moins au foot pendant ses heures de livraisons mais le petit club local est tout pour lui. C'est le supporter assidu. Pour lui une aubaine va se présenter lorsque le club termine en finale de la plus célèbre compétition de football. Le match va se dérouler sur un grand stade, à Nice! La route est longue mais un fidèle supporter est prêt à tout et le triporteur en a vu d'autres. Il prend donc la route avec son engin tout propre et bien décoré. Alors, bien entendu, le parcours sera semé d'embûches surtout lorsqu'on emprunte "la nationale 7, la route des milliardaires", mais avec du bagout et de la persévérance on arrive à tout, même à remplacer le gardien de but de l'équipe supportée par Antoine afin d'éviter une avalanche de buts et tenter de ramener le trophée à Vauxbelles-en Bourgogne.


Et voici le romancier René Fallet quelque peu malmené par le cinéma car ce film de Jacques Pinoteau en est une adaptation plus que libre. Peu importe, ce film que l'on a malheureusement pas souvent l'occasion de revoir me laisse un air de nostalgie car étant gamin les crises de fou rire étaient garanties. Il est certain que le film a vieilli mais je me laisse prendre tout de même au jeu à tel point que cela fait un sacré bout de temps que je ne l'ai pas revu et les scènes restent bien présentes en mémoire. Il est tout de même agréable de se replonger dans le cœur de ces villages avec l'esprit de clocher qui y régnait. Les gens qui se connaissaient s'engueulaient, se réconciliaient. Et puis outre les déboires du livreur vis à vis de son patron qui avait bien des soucis à se faire avec un tel énergumène il y avait cette fameuse nationale 7, si bien décrite par Charles Trénet, qui était tout un symbole car l'autoroute nétait pas encore né à cette époque. On y voyait souvent de belles voitures avec d'heureux vacanciers descendant vers le soleil mais y rencontrer un triporteur un peu spécial, plus rare! Tout ce qu'on demandait à ce film était: nous faire rire et ce fut réussi. Il faut dire que le final est un vrai feu d'artifice d'humour et de loufoquerie. Il fallait bien notre bégayeur et zozoteur national Darry Cowll pour tenir un rôle pareil, lui qui par la même occasion arrivera à identifier un sadique dans la police et s'adonner au dopage (excessif) dans le sport (déjà). Notre Darry est donc ici tout à fait exceptionnel avec sa verve bien particulière, sa désinvolture, sa souplesse et ... sa vista. Il forme un sacré duo dans l'un des sketchs avec Pierre Mondy, dans un rôle très particulier de motard de la Police Nationale. Cette œuvre est l'occasion de croiser d'autres grands disparus tels que Jean-Claude Brialy, Pierre Doris et Mario David. Vous apprendrez également que le terme de "petit canaillou" a été alors inventé par Darry Cowl durant une scène mémorable de ce film.


Tout compte fait malgré les années ce film restera un classique de la comédie dans le cinéma français. Alors comme je l'écris plus haut tout cela paraît un peu jauni mais qu'importe le moment est agréable. Jacques Pinoteau a adapté le roman à la personnalité de Darry Cowl, bien loin de l'oeuvre de René Fallet qui, si elle avait été parfaitement relatée, aurait dû voir arriver notre triporteur à Colombes et non à Nice rendant certains gags impossibles et ce n'est pas le seul arrangement du réalisateur.


Si vous avez l'occasion de voir ou revoir ce film charmant et sans prétention, je vous souhaite de prendre autant de plaisir que moi en reconnaissant que privée de Darry Cowl cette œuvre ne serait pas tout à fait la même. Pour vous remémorer cette aventure farfelue je joins à ma critiques deux fameux extraits afin de vous faire saliver un peu.


Extraits du film :
http://www.youtube.com/watch?v=jh81YHMBfos
http://www.dailymotion.com/video/x6ixjt_le-triporteur-darry-cowl-la-finale_fun

Créée

le 17 juin 2014

Modifiée

le 14 juin 2014

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