Etant féru de films noirs, j'étais obligé de combler cette scandaleuse lacune, à savoir découvrir enfin le cultissime Troisième Homme de Carol Reed, écrit par le célèbre écrivain Graham Green et Orson Welles lui-même !


Graham Green publia quelques années après la sortie du film un roman homonyme adapté du film. J'avais lu ce roman il y a plusieurs années mais ça ne m'avait pas fait grand effet. Le long-métrage a transformé ma légère indifférence en un coup de cœur magistral.


En deux mots, le résumé de l'intrigue : Holly Martins, écrivain américain de seconde zone arrive dans la Vienne d'après-guerre pour retrouver son meilleur ami qu'il n'a pas vu depuis des années. Vienne est alors coupée en quatre secteurs d'occupation : britannique, soviétique, américain et français. Dès son arrivée, il apprend l'étrange mort de son ami, au sujet de laquelle beaucoup de zones d'ombre persistent. Il va enquêter pour savoir la vérité, alors que la police veut le convaincre du passé troublé de cet ami.


Je considère que dans ce film, le synopsis de départ est peu important, ce qui compte, comme souvent dans les films noirs, et ce qui est brillamment réussi dans celui-ci, c'est l'ambiance. Les rues de Viennes dévastées, toujours dans la nuit, une photographie sublime empruntée aux grands de l’Expressionnisme allemand, le visage en clair-obscur de Welles, le visage désabusé de Joseph Cotten et l'entêtante musique au cythare d'Anton Karas. Comme la musique du plus tardif Brazil de Gilliam, la ritournelle du Troisième Homme revient perpétuellement, insidieusement, et hante la tête du spectateur longtemps après le visionnage. L'ambiance du film est donc déjà en soi un joyau de cinéma. Si on y ajoute des plans d'anthologie, de la grande roue aux égouts de Vienne, en passant par les rues désertes de la ville endormie, c'est encore mieux.


Et enfin, l'écriture du film est assez incroyable, abordant l'amitié, le sacrifice, tous ces individus perdus dans un contexte désenchanté comme le sont les périodes d'après-guerre. Mention spéciale au dialogue dans la grande roue, rédigé spécialement par Orson Welles, où l'on voit s'esquisser des influences de Nieztsche ou Machiavel...


Rattrapant ainsi ce retard dans ma cinéphilie, j'ai ainsi découvert un film incroyable d'inventivité et de cinéma, extrêmement moderne, un long-métrage poignant et d'une beauté visuelle hors normes.
Que l'année d'origine ne vous effraie pas, le film est très facile à rentrer dedans, et chaque spectateur devrait y trouver son compte.


Un film à redécouvrir absolument !

Lowry_Sam
10
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le 20 juil. 2015

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Sam Lowry

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