Un drame très concis (1h15 qui filent vite) sur l'amitié improbable entre un vieux monsieur ronchon, récemment expulsé de sa campagne pour une résidence pavillonnaire à laquelle il se fait difficilement, et un petit garçon qui est négligé par ses parents divorcés, reflet triste d'une époque moderne qui n'a plus le temps de rien, sauf de s'enguirlander et rejeter les fautes sur l'autre... Le film démarre illico, il n'a pas envie qu'on s'ennuie avec ses longs plans et son filtre gris (typiques du cinéma scandinave), et cela fonctionne, on embarque directement dans le déménagement subi par ce vieillard, dans les premiers contacts attendrissants avec le petit garçon, et on soupire de bonheur devant ce qu'on pensait être une jolie comédie mignonne... On s'est bien trompé, et on est bien content, car on n'a pas vu venir le virage dramatique à 180° que le film propose subitement, et on a eu les nerfs à vif jusqu'à la dernière scène, une "lalalandisation" (la scène qu'on veut tellement voir, qui résout tout avec chaleur humaine et bonheur, que

le retour à la réalité fait très mal

) qui nous laisse dans le plus grand déni (on refuse catégoriquement tout autre fin que celle qu'on nous a fait miroiter, on espère tellement que cela se conclue ainsi entre les voisins...). Si l'on ressort du film à plusieurs, impossible de ne pas discuter de cette fin, de s'impliquer émotionnellement dans ce qu'on veut (et pense) qu'il advienne après le générique de fin, une envie de réfléchir à la suite qui nous démange, et prouve que le film nous a chopé aux tripes. Les acteurs sont formidables (on ne peut pas faire autrement que de s'attacher, en un clin d'œil, à ces deux joueurs d'échecs qui trompent leur peine et s'aident mutuellement à avancer), on aime beaucoup le message de la préoccupation des parents qui ne s'aperçoivent qu'ils ont un enfant qu'une fois qu'ils soupçonnent un

attouchement sexuel, et décident enfin de s'en occuper (le seul bon point de cette tragédie, si l'on peut dire)

, et vraiment on aime cette dernière scène qui joue sur ce que l'on voudrait voir, et qui ne tient qu'à nous d'imaginer être réel. Le Vieil homme et l'enfant ne se repose pas seulement sur son sujet (bien défendu), il est aussi très enthousiaste dans sa forme, en commençant directement dans l'action (sans intro), en basculant de la tendre comédie au drame tragique en une seconde, et en nous surprenant encore dans sa dernière scène. On pense que le film fait 1h15 car il sait que vous allez en parler 1h après, on adore.

Aude_L
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le 2 avr. 2024

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