Sur ARTE c'est bien connu il y a de tout.

Du militantisme écolo superchiant, des nullités prétentieuses...et puis, parfois, une pépite.

En 1997 ou 98 j'avais été absolument enchanté par ce bout de film vu par hasard. Je dis bout car malheureusement il était déjà en cours quand je suis tombé dessus. Après avoir souvent essayé sans succès de le retrouver pendant un quart de siècle, je n'ai enfin pu le voir en entier que tout récemment.

Le sujet c'est la vie quotidienne d'un vieux mec au cours des 4 saisons dans une petite maison isolée au milieu d'une clairière en Suède.

Il est encore assez valide pour s'occuper des tâches quotidiennes, couper le bois, faire à manger, la vaisselle, y compris l'entretien d'un petit carré de pommes de terre.

Bien sûr l'hiver en Suède c'est dur. Il fait froid. Mais il est super bien organisé. Chaque chose a sa place, tout va bien.

Donc il ne se passe pas grand chose. Mais attention, c'est pas du Warhol. Y a pas de second degré, ni de troisième. Ne pas confondre. Il ne s'agit pas ici de minimalisme pour intello branché, mais de retenue, de suppression d'effets inutiles, d'humilité, d'une grande maîtrise du rythme, et curieusement, c'est la chaleureuse impression qui s'en dégage, d'un optimisme épuré à toute épreuve.

Tout est tranquille sans être ennuyeux. Il n'y a aucune agitation. En fait, le film débute avec le brouhaha de la circulation sur l'autoroute pour mieux préparer le contraste avec le silence qui va suivre. Ensuite Dagmar, unique personnage du film, va faire toutes choses bien posément, sans se presser, à quoi bon, mais sans traînasser non plus.

La justesse et la précision de ses gestes sont absolument fascinantes. Il prend tout simplement les choses comme elles sont et c'est tout. Le voir ouvrir ou fermer un robinet procure une joie intense. C'est magique.

Il ne dit rien, mais on le sent peut-être parfois un petit peu nostalgique, par exemple quand il se passe un vinyle, on sait pas trop, mais bon, c'est à peine suggéré, sans mélo.

Et le temps passe sans heurts, sans angoisse, doucement. Il n'est même pas question de solitude, ce qui fait la grande force du film, évitant très habilement toute tentation de mièvrerie ou de poésie à deux balles. C'est beau, tout simplement.

Ce film n'a rien d'un documentaire. C'est une magistrale leçon de vie.

Comme quoi avec un strict minimum de moyens mais beaucoup de talent il est possible de faire un film fascinant du début à la fin qu'on peut voir en VO (il n'y a pas de sous-titres dans ce film malheureusement très peu distribué), même en ignorant le suédois, puisque les seules paroles de la bande son c'est les nouvelles à la radio et on a vraiment pas besoin de les comprendre.

assian
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Créée

le 14 août 2024

Modifiée

le 14 août 2024

Critique lue 11 fois

assian

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