La mafia est un sujet fascinant. Avec La trilogie du Parrain, Francis Ford Coppola a réalisé l'oeuvre ultime sur cette organisation criminelle. Dans la recherche de nouveaux films traitant de ce thème, Lea semblait offrir un angle différent à travers le portrait d'une femme se dressant seule contre la pieuvre. Ce ne sera pas le cas, avec l'impression d'être devant un téléfilm de l'après-midi sur M6.


Lea est interprétée tout en excès par Vanessa Scalera. Le film s'ouvre sur son visage en gros plan et se conclura de la même manière. Elle est le moteur de cette histoire et le seul personnage à avoir un peu de présence. Pour exister, elle passe son temps à parler fort, crier où taper des crises de nerfs. On pourrait justifier son attitude par le fait de vivre avec un homme travaillant pour la mafia, puis par sa peur pour la vie de sa fille et la sienne. On pourrait, sauf que dès sa première apparition, Lea démontre qu'elle a une grand gueule et cela ne va pas vraiment faire d'elle une personne sympathique. Lea n'est pas une femme soumise, surement à cause du décès de son père durant sa jeunesse. Elle ne se laisse pas faire et exprime son avis en gueulant. C'est une manière de se faire entendre, mais elle va vite être fatigante. Elle est en colère contre tout le monde et va se servir de cette rage pour défier la mafia.


Le film s'inspire de la véritable histoire de Lea Garofalo et de sa fille Denise. La découverte de ce combat contre la mafia, avait les atouts pour surprendre, tout en nous permettant de découvrir cette femme forte. Son traitement va se révéler insipide.
On passe d'une époque à une autre, puis d'une ville à une autre, sans qu'on nous raconte vraiment la vie de Lea. Lors du serment d'allégeance à la mafia Calabraise, on sait que cette organisation passe avant la famille et les amis. A partir de là, il n'est pas étonnant de voir l'héroïne se retrouvait seule avec sa fille dans son combat. Elle vampirise tout les autres personnages et porte son histoire sur ses épaules.
Le réalisateur Marco Tullio Giordana a choisi de tout miser sur la performance de son actrice, mais si on est pas sensible à sa nervosité, alors le film devient vite ennuyeux. En dehors de celle-ci, il n'y a pas d'autres personnages intéressants. Certes, c'est son portrait et son combat, mais il aurait fallu un contrepoids pour ne pas vite se lasser face à ce manque de profondeur abyssale.


Le film ne rend pas hommage à cette femme. Ce n'est pas étonnant de découvrir que c'est un téléfilm, tant sa réalisation manque de puissance dramatique. On le ressent aussi dans l'absence d'un souffle romanesque. Son côté froid et concis aurait pu séduire, surtout lorsque sa fille se retrouve sur le devant de la scène. Pourtant, cela ne fonctionne toujours pas. Une seule scène me sortira de ma torpeur, il s'agit de la confrontation au parloir entre Lea et Carlo, alors que Denise se réfugie sous la table. A ce moment-là, on ressent la peur de cette enfant et la violence de son père. C'est furtif et pourtant cela marque l'esprit, au contraire du reste de l'histoire. On regrettera aussi que le rapport mère/fille se résume à leur fuite, sans que les raisons soient vraiment évoquées entre elles, tout comme les contraintes liées à cette vie. Finalement, l'oeuvre se révèle trop courte pour dresser un portrait mieux construit de cette femme d'exception.


C'est une grosse déception. Cela manque de relief et sa sortie dans nos salles est une énigme. Au moins, elle met en lumière le combat de cette femme méconnue en France, en attendant un film plus ambitieux pour lui rendre un hommage proportionnel à sa force de caractère.

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le 24 juil. 2016

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Laurent Doe

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