Play It To The Bone, ça pourrait être un film d'amitié, et puis un film de sport. Mais Shelton a su tirer partie d'un aspect du road trip qu'Hollywood camoufle volontiers d’ordinaire : l'ennui. La route entre Los Angeles et Las Vegas n'est pas que belle et symbolique au septième art - elle est aussi très longue, et on a le temps de se dire des choses. Parfois le soleil délie les langues, et les “pit stops” pittoresques mettent dans d'étranges humeurs.


Tandis qu’il devient clair que la Chevrolet sera un des trois supports de la narration avec les paysages et le ring, c’est au gré de ces humeurs qu’on comprendra être en train d’assister à un build-up psychologique devant presque nécessairement déboucher sur un combat. Il y a des facilités (notamment, on s’intéresse au futur des personnages mais leur passé se résume bizarrement à leurs palmarès et à leurs romances) mais le film manie bien ses ingrédients : religion, sexe, amour, amitié, désillusions et rancœurs se mêlent sans surprises mais finissent par créer un quasi-chaos, fruit d’affects et de manipulations en tous genres, dont le match sera l’exutoire.


Maintenant l’ambiguïté jusqu'au bout quant à qui de Woody Harrelson ou Antonio Banderas est plus attachant que l’autre, le film n’a pas un mérite particulièrement grand à montrer les coulisses (fictives) d’un grand évènement sportif, mais il sait se créer un décor propre où ses inventions ont de l’éloquence. En plus, c'est délicieusement chorégraphié.

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 3 mai 2022

Critique lue 28 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 28 fois

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime

1