Play It To The Bone, ça pourrait être un film d'amitié, et puis un film de sport. Mais Shelton a su tirer partie d'un aspect du road trip qu'Hollywood camoufle volontiers d’ordinaire : l'ennui. La route entre Los Angeles et Las Vegas n'est pas que belle et symbolique au septième art - elle est aussi très longue, et on a le temps de se dire des choses. Parfois le soleil délie les langues, et les “pit stops” pittoresques mettent dans d'étranges humeurs.
Tandis qu’il devient clair que la Chevrolet sera un des trois supports de la narration avec les paysages et le ring, c’est au gré de ces humeurs qu’on comprendra être en train d’assister à un build-up psychologique devant presque nécessairement déboucher sur un combat. Il y a des facilités (notamment, on s’intéresse au futur des personnages mais leur passé se résume bizarrement à leurs palmarès et à leurs romances) mais le film manie bien ses ingrédients : religion, sexe, amour, amitié, désillusions et rancœurs se mêlent sans surprises mais finissent par créer un quasi-chaos, fruit d’affects et de manipulations en tous genres, dont le match sera l’exutoire.
Maintenant l’ambiguïté jusqu'au bout quant à qui de Woody Harrelson ou Antonio Banderas est plus attachant que l’autre, le film n’a pas un mérite particulièrement grand à montrer les coulisses (fictives) d’un grand évènement sportif, mais il sait se créer un décor propre où ses inventions ont de l’éloquence. En plus, c'est délicieusement chorégraphié.