Les Affranchis, l'histoire d'une montée aux enfers...

D'un point de vue objectif, je remarque que Scorsese nous invite à admirer son personnage principal, un Ray Liotta au summum de sa gloire, magnifique physiquement et dans son jeu d'acteur.
Nous le voyons innocent au début de la narration, c'est un jeune garçon qui a soif de pouvoir et de réussite et il va faire ce qu'il faut pour acquérir une bonne place dans la Mafia et ce grâce à la sueur de son front. Scoreses veut renverser la tendance de la situation initiale de son personnage principale pour prouver, je pense, que dans la vie rien n'est joué et que lorsqu'on se donne les moyens de réussir afin de faire ce que l'on veut, eh bien on y arrive !

Ensuite, quand il est clairement un gangster, nous pouvons également remarquer qu' il reste très humble, toujours sur ses gardes car il connait les dangers de ce métier et garde une conscience humaine, ce qui est chose rare, que ce soit par rapport aux personnes qu'il aime, aux victimes, ses collègues ou ses connaissances. Le personnage principal à d'ailleurs de l'empathie pour les victimes de la Mafia, je trouve cela tout bonnement excellent.
Il se remet également en question, ne se fait pas passer pour quelqu'un d'autre, il sait d'où il vient et ne compte pas l'oublier.
Oui c'est un gangster mais pas n'importe lequel ! C'est avant tout un Homme qui a des principes. Ainsi il ne dépasse pas les limites qu'il s'est toujours fixé, peut importe les limites qu'on lui a fixé. Il ne tue pas, alors que c'est monnaie courante et il ne peut l'empêcher, même si il essaye.

Scorsese nous invite également à aimer son personnage principal car même si celui-ci a choisi d'être gangster, c'était son rêve de gamin, et il a réussit à le devenir ! Pourquoi a-t-il voulu devenir Gangster ? Pour une simple et bonne raison, devenir quelqu'un et quitter la merde qui l'entourait. La merde est cependant partout et ce qu'il ne voulait pas être "une merde" comme son père, il le deviendra au final, bien malgré lui.

En vérité, peut importe les choix que nous faisons dans la vie, il faut les assumer et en être fier. Etre gangster ou boulanger, ce qui importe c'est de faire un travail et de le faire bien. Cependant, nous ne pouvons pas toujours contrôler notre destin, du moins pas comme on voudrais qu'il soit exactement.

D'un point de vue subjectif, j'ai particulièrement aimé le fait que Scoreses améliore l'image du métier de gangster qu'il présente comme tel car les techniques peuvent être pacifiques et tourné uniquement contre les Grands. Je vois d'ailleurs cette façon de vivre comme un métier. Ainsi, le pouvoir d'un gangster ce mesure au respect qu'on lui accorde, pas aux litres de sang qu'il a fait couler et pour preuve le chef de la Mafia dont il est question n'a même pas besoin d'ouvrir la bouche pour que les autres Mafia, membres ou victimes le respecte ( lorsque certains membres jouent dehors et que l'un va embêter son frère, où lorsque le patron d'un restaurant, sous domination de cette Mafia à une parole déplacé). Beaucoup, si ce n'est tout, passe dans le regard, et ça le personnage principal l'a bien compris et l'a d'ailleurs appris du chef de cette Mafia (même scène, au début lorsque les membres ont chahuté dehors, le chef se montre, les regardent et aussitôt les membres se taisent et stop leur mascarade. Le personnage principal étant gamin. Cette scène est en quelque sorte une révélation pour lui. Ne pas avoir besoin de combattre pour gagner, c'est quand même merveilleux dans un monde de tueur !)
Après cette belle et simple démonstration de pouvoir, le personnage principal va en toute logique le prendre comme idole et apprendra beaucoup de lui.
Ce qui fait de lui un gangster différent, une conscience morale que sa mère lui a apporté, le perdra au final.

Par différentes péripéties, ce Gangster intelligent mais surtout humain sera un gagnant-perdant. Un mélange au final qui fera de lui un Homme malheureux (qui aura bien profité de la vie, peu mais bien, et à un certain prix quand même car vouloir devenir un gangster n'est pas faire le choix d'une vie facile. Le personnage principal n'a d'ailleurs pas voulu être un gangster comme les autres). A la fin du film, nous avons un retournement de situation magnifique et magique.

Pour comprendre toutes les nuances et la complexité du film et de sa fin, je vous invite à regarder Les Affranchis, il vaut évidemment le détour. La fin est tout simplement sublime...
Tout est expliqué. Si nous voulons niquer le système il faut construire un système parallèle. Le système ne se laisse cependant pas faire et sauver sa peau des deux systèmes devient très compliqué pour le personnage principal. A la fin, Scoreses le met face à un second dilemme ( le premier étant de choisir son camp en choisissant son métier) et le personnage principal va faire un second choix (le premier étant de devenir un gangster) et qui est à mon sens assez difficile, car vital et donc lourd de conséquences ( comme pour son premier choix il pèse le pour et le contre, entre ne pas trahir sa deuxième ou plutôt vrai famille, la Mafia, mais mourir à coup sûr, ou trahir et prendre la fuite pour sauver sa peau).

On peut remarquer que Scoreses n'hésite pas à évaluer le prix de la vie, dans un film de Mafia c'est, je trouve tout à fait à-propos et malin. La vie n'est pas facile mais quand on se réveille le matin, c'est quand même bien =) L'issue : je vous laisse l'apprécier et en admirer toute la beauté.

On ne né pas Gangster, on le devient.
Critikware.
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le 25 avr. 2013

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le 25 avr. 2013

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