(Critique également disponible en vidéo ici)


Je suis ce que l'on peut appeler un Potterhead. J'ai lu tous les livres plusieurs fois, et depuis une vingtaine d'année, il n'est pas passé un an sans que je retourne feuilleter les pages de l'univers de J.K. Rowling. A 10 ans, j'ai eu la chance de découvrir le premier volet sur grand écran et, malgré la salle bondée, cela reste l'un de mes meilleur souvenir dans les salles obscures.
La qualité des aventures filmiques du jeune sorcier seront faites de haut et de bas (surtout à cause de l'adaptation, comme le 5 ou le 6), mais dans l’ensemble, c’est une saga que j’aime revoir.


Mais si ça continue comme ça, ça ne sera jamais le cas de la saga des Animaux Fantastiques (qui n'a plus aucune raison de s'appeler comme ça)...


Et c’est terrible, parce que je croyais en ce film ! La bande-annonce était cool, Johnny Depp passait bien en Grindelwald, le scénario semblait prendre de l’ampleur, et puis.. ça ne pouvait pas être aussi inconséquent que le premier, pas vrai ?


Je ne pouvais pas être plus éloigné de la réalité.


J’ai beau chercher, je ne trouve pas beaucoup de points positifs à ce Fantastic Beasts 2, qui accentue les défauts du premier tout en délaissant ce qui lui donnait un minimum de charme, comme le côté émerveillement devant ces fameux animaux fantastiques, inutilisés ici ou alors ajoutés sans aucune délicatesse, servant de tuyau scénaristique, où le fait que, bien que l’on sente que le premier film était une mise place de l’univers pour les 4 suivants, il pouvait se suffire à lui même et semblait vouloir exister loin de Harry Potter, évitant le name dropping facile, par exemple.


Tout ça est oublié ici, relocalisant l’intrigue en Europe, introduisant Dumbledore, les Lestrange, Nagini, Nicolas Flamel, nous ramenant à Poudlard, en 1927, mais aussi durant la jeunesse de Newt, lors d’un flashback inutile mais, il faut bien l’avouer, efficace. Efficace tout simplement parce que l’on retrouve un peu de cette magie initiale, qui manque cruellement à ce film, et que ça fait du bien.


Et c’est là qu’est tout le problème. Ce genre de détails devraient être un plus, ce genre de clin d’œil, discrets, distillés comme des Easter eggs, ici, ils deviennent les éléments les plus intéressants, parce qu’on les connaît, et qu’ils viennent d’une époque où on en avait quelque chose à foutre (et on passera sur le fait que certains ne sont même pas canons, prouvant que le fan service est beaucoup plus important que la cohérence).


Parce que la petite bande à Norbert est de retour, et ne s’est pas améliorée loin de là. Eddie Redmayne est toujours aussi malaisant en rôle principal, Katherine Waterston ne sert à rien, et le duo Queenie/Jacob, mignon dans le premier, est ici à la fois la plus grosse source comique du film, mais a aussi droit à un arc narratif trop complexe pour être bien traité dans un film aussi dense. Parce que le traitement du scénario, parlons en..


Je respecte et j’admire énormément J.K. Rowling en tant qu’auteur, mais après deux films force est de constater qu’elle n’est pas scénariste. Avec sa connaissance de son monde et son imagination, elle est faite pour écrire des romans de 600 pages, remplis de détails, pas des scénariis pour des films de 2h10. Elle veut trop en mettre, raconter trop d’histoires en même temps, du coup son intrigue principale n’avance pas ou presque pas, et le film bondit tellement d’un arc à un autre qu’il en devient très vite indigeste. J’ai eu l’impression, encore plus que devant un Marvel, de me retrouver devant un épisode d’une série, avec beaucoup de blabla inutile, de personnages secondaires inintéressant, 2-3 scènes d’action pour la bande-annonce, et un scénario qui se réveille dans les 10 dernières minutes en mode « bon faut quand même qu’on donne une raison aux gens de revenir la prochaine fois, on va leur taper une petite révélation qui sort de nulle part, ils seront sur le cul ! ». Tout ça aurai aisément pu être réduit à un épisode de 50 minutes sur HBO.


Côté positif ? Les nouveaux acteurs, Depp en tête, au stade de sa carrière où il brille bien plus en méchant qu’en héros, Jude Law bon en jeune Dumbledore même s’il n’a pas l’aura de ses prédécesseurs, et surtout Zoé Kravitz en Leta Lestrange, personnage le mieux écrit du film.
J’ai également plutôt aimé les dernières scènes à Paris. C’était assez impressionnant et symboliquement malin.


Mais à part ça, c’était vraiment laborieux. Et cette surenchère d’effets spéciaux moches, ça commence à me rendre dingue...


Enfin bon Il reste 3 films, qui répondront sûrement à toutes les questions soulevées par cet opus (oh, et pas des questions dont on est super impatients d’avoir la réponse parce que ça nous intéresse, plutôt des questions du style « ouais mais ça n’a aucun sens, tu vas l’expliquer comment ? »), mais là, en l’état, je trouve ces deux premiers opus tellement vides que je ne suis même pas impatient.


Je me suis senti mal devant ce film, physiquement. Il serait temps qu’ils se rappellent que la magie de Harry Potter n’était pas dans ses effets spéciaux ou dans ses sorts, mais dans son ambiance, son univers et la façon dont, pendant deux heures, on oubliait tout, et on ne rêvait que d’une chose, les rejoindre à Poudlard...

CinéPop
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le 16 nov. 2018

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