Tintin de Spielberg : un blockbuster pour les enfants de 7 à 77 ans !

Récompensé du Golden Globe du meilleur film d'animation en 2012, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (The Adventures of Tintin : Secret of the Unicorn) de Steven Spielberg n'est pas un film d'animation ordinaire. Utilisant le procédé révolutionnaire de la performance capture, qui capture les mouvements en 3D de vrais acteurs de chair et d'os, Steven Spielberg s'approprie à son tour la technologie inaugurée par Robert Zemeckis en 2004 avec Le Pôle express. Spielberg rentre ainsi de plein pied dans le cinéma du 21ème siècle dans tout ce qu'il a de plus excitant et d'effrayant à la fois...

Excitant car le cinéma est arrivé à un tel degré d'hyper-réalisme que plus rien techniquement ne peut faire obstacle à l'imagination débordante de son réalisateur. Preuve en est, ce plan-séquence de 6 minutes de la course-poursuite en side-car dans la ville africaine, et le combat en mer du chevalier François de Hadoque capitaine de La Licorne, contre le navire pirate commandé par Rackham le Rouge. A l'image de cette caméra virevoltant autour de ses personnages, la virtuosité de la mise en scène, toujours fluide et lisible, laisse sans voix. Certainement le plus exigeant, assurément le plus abouti techniquement et visuellement des films de Steven Spielberg.

Effrayant aussi car même si du chemin a été fait depuis Final Fantasy : Les Créatures de l'esprit, une révolution à l'époque de sa sortie en salle en 2001 mais aujourd'hui dépassé, les personnages du Tintin de Spielberg restent visuellement assez froid, lisses et désincarnés. La fidélité, cher à Spielberg, aux personnages de Tintin, à l'univers et à l'esprit des albums de Hergé pondère néanmoins ce sentiment de vide.

Mais tonnerre de brest, que le personnage de Haddock est savoureux ! Spielberg résiste même au politiquement correct et n'édulcore jamais le goût prononcé pour la boisson de ce cher capitaine. Au risque même d'avoir un peu trop forcé le trait. Hormis une parenthèse de sobriété dans le désert, le Capitaine Haddock apparaît toujours ivre ! Là ou passe Haddock, il traine toujours une bouteille d'alcool dans les parages. Il coiffe même au poteau la houpette de Tintin, pourtant héros désigné de l'histoire. Si le jeune reporter-détective Tintin s'impose comme un modèle de bravoure et de droiture, la drôlerie du Capitaine Haddock, personnage pittoresque et haut en couleurs, emporte les suffrages du spectacteur. Ses frasques et jurons alcoolisés en font l'attraction du film.

Par ailleurs, on regrette que Spielberg n'ait pas fait parler Milou, comme c'est pourtant le cas dans la bande-dessinée de Hergé. Spielberg se prive ainsi de bonnes idées. On aurait aimé voir la bonne conscience de Milou : Milou en robe bleu ciel avec une auréole, affronter sa mauvaise conscience : Milou en petit diablotin rouge, avec queue, cornes et fourche. Milou reste sous-exploité, même s'il est de toutes les parties des aventures de son maître Tintin.

Si cet aventure de Tintin recoupe en réalité trois albums : Le Crabe aux pinces d'or, Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge, l'idée de produire un diptyque de films a toujours été la base du projet, projet qui ne date pas d'hier. 1982. Steven Spielberg découvre une critique d'un journaliste qui comparait Indiana Jones à Tintin. Ignorant totalement qui peut bien être ce mystérieux Tintin, Spielberg mène l'enquête. C'est le début d'une grande passion entre le réalisateur des Aventuriers de l'Arche Perdue et le Petit Vingtième.

Après avoir dévoré toute l'oeuvre d'Hergé, Spielberg faillit le rencontrer, mais coup du sort, l'auteur belge mourut quelques jours à peine avant leur rencontre. D'après la légende, Fanny Rémi, l'épouse du dessinateur, aurait confié à Spielberg que son mari le considérait comme le meilleur réalisateur possible pour adapter ses œuvres à l'écran ! Et au vu du film, forcé de constater que le réalisateur de la quadrilogie Indiana Jones était fait pour porter à l'écran les aventures de Tintin. Adaptation libre mais néanmoins respectueuse de l'oeuvre d'Hergé, Spielberg a livré « sa » version de Tintin : un Tintin de blockbuster dans le sens noble du terme pour les enfants de 7 à 77 ans. Peter Jackson, qui a coproduit avec Spielberg le premier volet, devrait réaliser sa suite, adapté de l'album Le Trésor de Rackham le Rouge...
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le 5 mai 2012

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