Quand Tintin rime avec crétin
Pour commencer, je tiens à préciser deux choses:
1-je ne vais pas comparer le film à l'oeuvre écrite d'Hergé, que je n'ai jamais lue
2-je ne vais pas non plus comparer Tintin à "un Indiana Jones pour enfants", puisque je n'ai jamais vu Indiana Jones. (ouhhhhhh)
Ces deux points de références étant exclus, je peux commencer:
Tout d'abord, je tiens à évoquer les points positifs (ça ne sera pas long).
J'ai beaucoup apprécié le générique du début, assez fidèle à l'esprit BD, au niveau du graphisme, des écritures, etc.. Ensuite, je tenais à souligner la virtuosité avec laquelle la magnifique chevelure rousse de Tintin est reproduite; pour un peu, j'avais envie de lui toucher l'arrière du crâne. La houppette était également criante de réalisme.
A présent, je vais rentrer dans le vif du sujet, à savoir les points négatifs. Comme ils sont particulièrement nombreux et foisonnants, j'ai opté pour l'énumération approximato-chronologique argumentée, procédé que je vais inaugurer sans plus attendre:
-l'accent belge du dessinateur Hergé à la première minute. Dans la version française, il est particulièrement stupide, ce qui m'a fait penser à l'accent que Jean Paul Rouve avait pris dans Les Tuche. A la différence près que dans Tintin, ce n'est pas censé être comique, d'où la légère gêne....
-la 3D, qui ne sert strictement à rien, du 1er au dernier plan, avec ou sans lunettes, c'est tout aussi nul, aucun effet, aucune profondeur, aucun intérêt. En même temps, après réflexion, l'usage de la 3D s'inscrit dans la logique inintéressante du film, c'est assez méta, en fait.
-l'animation, qui n'est juste pas tolérable. Plusieurs fois, j'ai eu l'impression d'être dans un jeu vidéo des années 1990, ou pire encore, dans un dessin animé TIJI au budget particulièrement restreint. Et encore, pour le dessin animé, la nullité s'expliquerait justement par la faiblesse du budget, or dans le cas de Tintin, Spielberg n'a absolument aucune excuse....Ce qui ne fait qu'aggraver son cas, et réaffirmer son statut officiel d'hérétique du cinéma (non, je n'ai pas peur d'émettre des jugements catégoriques).
-l'intrigue, qui démarre de manière totalement artificielle, ce qui est assez hallucinant! Quand on y pense, l'action débute à partir du moment où Tintin (qui n'a au passage aucune dimension) achète la maquette de la Licorne. A peine en devient-il le propriétaire, que des hommes sont à ses trousses, veulent lui racheter, lui volent, le cambriolent, etc... Mais, avant, la maquette, elle était au brocanteur, et personne ne s'en prenait à ce petit vieux! Toute l'action est à l'image de la première scène: forcée, déclenchée artificiellement, antinaturelle, et laborieuse: on dirait un vieux moteur qui aurait besoin d'être sans cesse redémarré...
-la débauche d'action, qui n'est pas vraiment de l'action, mais juste une forme de distraction outrancière où rien ne s'enchaîne avec fluidité, où tout est laborieux, et pire: mortellement ennuyant!!! Honnêtement, j'étais fatigué par tant de vacuité, et tant d'action inactive. Je m'explique: Tintin se retrouve en train de glisser sur des cordes à linge en plein Maghreb. Haddok et le méchant (dont j'ai oublié le nom tellement ce film m'a passionné) se battent pendant trois heures à coup de buldozer, et après? Le pire du pire, l'apogée de la nullité est atteinte pendant l'épisode du délire de Haddok avec les flashes back dans le bateau de pirates: à ce moment, j'ai carrément décroché, j'étais complètement largué par tant de bêtise visuelle.
Dans ce film, l'action n'est pas captivante, mais soporifique.
-les Dupond et Dupont, dans l'appartement du pickpocket. C'en est tellement débilitant que ça se passe de commentaire, j'en étais dubitatif.
-le côté "je fais du bateau je fais de l'hydravion je fais de la moto je suis un aventurier je sais tout faire même lire les coordonnées maritimes", c'est tellement rébarbatif et inutile que j'en étais comme deux ronds de flan (oui oui, cette expression existe)
-Gad Elmaleh, l'arnaque totale!!! Cet acteur a fait tous les plateaux télévision, qui a crié sur tous les toits qu'il a joué dans un Spielberg, pour, aller, soyons gentils, 5 minutes de rôle et 3 répliques caricaturales. Franchement, si c'est pas de la promo mensongère!
-l'intrigue (bis), qui réussit le paradoxe d'être à la fois cousue de fil blanc à tel point qu'on devine tout à l'avance mais à laquelle on ne comprend rien.
-le systématisme américanisant qui consiste à expliquer après coup le pourquoi du comment, comme si on était tous trop idiots pour comprendre.
-la crétinerie généralisée des dialogues/des personnages/des situations.
En réalité, je suis sûr que j'en oublie, je pourrais continuer comme ça longtemps, mais j'ai envie de conclure sur cette magnifique pensée: Pourquoi, mais pourquoi Spielberg a-t-il éprouvé le besoin de faire ce film, si ce n'est pour le prestige et l'honneur de figurer dans mon top 5 annuel des films les plus indigents de l'année? On se le demande...