Le rouge et l'obscur
"Les chambres rouges", et c'est une des constantes du métrage, est une œuvre qui dès le prologue met le spectateur à l'épreuve. Chaque plan de la très inquiétante scène d'ouverture interroge : où...
Par
le 3 janv. 2024
52 j'aime
Les Chambres Rouges est un film à part.
C'est déjà une production Québécoise qui pour une fois se savoure sans plisser les yeux et sans chercher un fichier ST dès les 5 premières minutes (Coucou Simple comme Sylvain.)
C'est aussi un film sur lequel il est compliqué d'apposer l'étiquette d'un genre quelconque. Film de procès, film d'horreur, thriller psychologique. C'est à la fois un peu tout ça et quelque chose de complètement différent.
Car certes le film ouvre devant la diatribe du procureur et se déroulera majoritairement dans un tribunal et on s'attendra donc brièvement à une resucée de douze hommes en colère mais il n'en est rien.
Or, après avoir entendu les chefs d'inculpation reprochés à l'accusé , une liste longue comme le bras de sévices infligés à de jeunes adolescentes dans une 'redroom' (nom donné aux lieux qui servent de chambre de torture, dans lesquelles les exactions sont filmées et diffusées en live sur le darkweb a une audience qui paye pour visionner) on s'attendra davantage à une série de flashbacks et à une enquête policière à la Seven, mais il s'agit pas de cela.
Le film prend le parti relativement inédit de suivre une spectatrice du procès sur laquelle il sera compliqué de révéler quoi que ce soit sans spoiler, il suffit juste de savoir qu'elle s'intéresse au tueur.
La force du film réside donc en sa capacité à transmettre l'horreur des faits par un personnage tiers sans jamais utiliser un quelconque contenu graphique. Tout n'est que non-dit, hors champ et sous entendu. Au fur et à mesure que le procès se déroule, le spectateur apprend à connaître l'héroïne - une jeune femme d'abord plutôt simple et renfermée voire même sympathique - dans son intimité, ses loisirs et finalement sa psyché.
Le film parvient à happer le spectateur et à l'enfermer avec elle, de sorte qu'il soit lui aussi spectateur des évènements.
Cette mise en abyme facilite l'instauration d'un malaise de manière progressive, qui se transforme peu à peu en horreur puis en terreur. Le tout se fait avec la plus grande malice et de manière insidieuse. Pascal Plante réussi à capter les tréfonds malsains de l'âme humaine et à le filmer avec la plus grande intelligence.
J'ai beau être un grand consommateur de films de genre, je n'ai que rarement ressenti autant de mal-être que devant Chambres Rouges et je suis persuadé que la scène du 'coucou' au tribunal, seule scène ou l'accusé interagit avec l'audience, me hantera pendant encore longtemps.
Les Chambres Rouges est un film peu conventionnel, mais un film qui parvient à entraîner le spectateur dans un tourbillon de terreur mémorable qui le laisse KO avec une seule certitude : celle qu'il vient de visionner un grand film, film qu'il ne reverra plus jamais.
Créée
le 9 mai 2024
Critique lue 17 fois
D'autres avis sur Les Chambres rouges
"Les chambres rouges", et c'est une des constantes du métrage, est une œuvre qui dès le prologue met le spectateur à l'épreuve. Chaque plan de la très inquiétante scène d'ouverture interroge : où...
Par
le 3 janv. 2024
52 j'aime
Il se passe quelque chose du côté du cinéma québecois depuis quelque temps. Là où il est toujours tentant de n’envisager ce dernier que sous l’angle de l’accent rigolo légèrement folklorique, et donc...
Par
le 19 janv. 2024
50 j'aime
9
Falcon Lake, Simple comme Sylvain, et maintenant Les Chambres Rouges. Voici trois films que j'ai vus récemment, démontrant à quel point le cinéma canadien est en train de sortir de sa tanière et de...
Par
le 26 nov. 2023
48 j'aime
1
Du même critique
Charbon ardent du moment, notamment du fait de la stratégie de com' de l'éditeur RING ( Qui n'en n'est pas à son coup d'essai, il n'y a qu'à voir le buzz autour de Marsault ) GUERILLA se place en...
Par
le 22 oct. 2016
13 j'aime
Aaaah The Purge. Un concept présentant tellement de potentiel sur le papier. On aurait pu en faire une satire intelligente des USA, ou surtout lui prêter un traitement intéressant des pulsions de...
Par
le 29 janv. 2019
7 j'aime
1
Quoi de mieux pour commencer que la "bête noire" du moment ? Le film qui suscite tant de réactions et de critiques. Alors oui, on reste sur un portrait assez cliché d'un Texan, bien benêt, présenté...
Par
le 20 févr. 2015
7 j'aime
2