C’est mon premier gros coup de cœur de l’année 2024. J’en suis restée scotchée à mon siège à la fin de la séance. C'était tellement intense… J’étais complètement submergée par ce que je voyais, j’ai complètement oublié que j'étais dans une salle remplie de monde.


Pour ma part je ne connaissais que les grosses lignes de l’histoire, je n’avais pas vu de bande-annonce et très peu de critiques dessus. Donc après les premières minutes, c’est tout naturellement que je pense regarder un film de procès. Mais c’est tout autre chose. On se retrouve face à un vrai thriller psychologique, décortiquant la noirceur et le vice humain.


Pour le sujet du film, la réalisation est maîtrisée avec brio. Il nous montre à quel point le hors-champ peut être aussi puissant, voire violent, de ce que l’on peut clairement voir. Ce qu’on imagine, ce qu'on n’avouera jamais à personne, c’est ce qui est le plus fascinant.


Le film se centre sur la curiosité morbide, il vient chatouiller notre désir de voir l’ignominie dans l’acte. Il nous démange et nous frustre presque de ne pas nous laisser attraper cette part d’ombre qu’on se complaît à inventer dans notre esprit. C’est un sujet terrifiant qui vient nous capturer à l’illusion qu’on se faisait du pire de l’humanité. Il insère en nous un mélange de malaise et de honte qui fait naître un sentiment très dérangeant : notre curiosité.


Face à l’écran, on fait aussi face à notre perversité, à des émotions difficiles à encaisser et à assumer. Les Chambres Rouges nous montre un sujet réel, présent dans notre monde et malheureusement (ou pas) trop méconnu. Pascal Plante parvient à atteindre l’art de nous montrer quelque chose d’essentiel, sans les images. Le son, les émotions et Juliette Gariépy font d’un sujet d’horreur une étude du comportement humain. Vous n’aurez jamais entendu des cris aussi déchirants et réels qui s’imprimeront dans votre esprit.


La dernière demi-heure nous plonge au-delà de l’apnée qu’on subissait déjà depuis le début du film. Elle nous hypnotise complètement.

Le regard vide, le néant qu’habite Ludovic Chevalier à la fin du film lorsque Kelly-Anne parvient à le piéger… Cette aura qui nous fait frissonner et qui nous dit clairement qu’il est coupable, qu’il est le monstre qu’il sait être. Et au-delà de ça, ce vide qui réside chez cet homme nous montre aussi sa folie. L’indifférence et l’amusement qu’il projette… C’est brusque, renversant et bouleversant. Et puis ce signe de la main quand il lève les yeux vers le personnage que Kelly-Anne a joué… ça fait froid dans le dos.

C’est un excellent thriller, qui découpe très bien les moments épurés, mais lourd des séances de procès, avec le parallèle sur la curiosité du personnage de Kelly-Anne, mais aussi de sa rencontre avec Clémentine qui, elle, adule le monstre. J’en suis ressortie complètement muette et médusée. 


Je ne savais plus quoi penser et c’est pourquoi j’aime autant le cinéma. Il me permet de prendre quelques heures pour réfléchir à ce que je viens de voir.

cdarcy
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le 6 févr. 2024

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cdarcy

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