Les Chansons que mes frères m'ont apprises par gaspard24

2 siècles plus tard, qu'est devenu le peuple des américains natifs? Se sont-ils intégrés à la communauté blanche? C'est entre autres à ces questions que tente de répondre Chloé Zhao pour son premier long-métrage pour lequel elle s'est résolue à passer 4 ans en totale immersion dans un petit village similaire à celui mis en scène dans son film.

Mais pourquoi veut-il s'en aller? Qu'est-ce qui peut être si horrible ici pour qu'il me laisse tomber?

Elle a le mérite d'aborder plusieurs thèmes et de ne pas s'y casser les doigts. Mieux, elle sublime son propos en se laissant ainsi voguer au hasard des idées. Sans masquer des lacunes scénaristiques et les nombreuses maladresses qui vont avec, elle parvient à exprimer la douleur et le doute de la séparation, la valeur ambiguë que la famille peut avoir pour l'individu (famille tyrannique, famille absente, famille sauveur), l'immense chemin qu'il reste à la communauté amérindienne pour espérer être traité sur un pied d'égalité avec les Blancs, la vie de village et ses horizons très particuliers, le déterminisme que tout cela peut générer et comment espérer s'en émanciper (notamment à travers le regard à la fois enfantin et désabusé de la petite Jashaun, formidable petite actrice, qu'on est invités à suivre sur son petit vélo rose, lancée à la découverte de ce qui peut bien donner l'envie à son frère de fuir..). La photo est superbe, elle épouse joliment le cadre magnifique du film.Le montage l'est moins, les longueurs s'enchaînant parfois, et l'intrigue, sous-jacente au propos, peine à faire décoller l'émotion et l'empathie aux personnages. On sent que ça n'est pas ce qui passionne la réalisatrice. Elle préfère filmer la vérité et les différents déguisements que celle-ci arbore au sein des hommes. Autant on sent la maîtrise sur l'aspect contemplatif et la peinture d'un monde, autant on sent les progrès qu'il reste à faire du côté de la fiction et de la narration.

Un film ambitieux, parfois à la hauteur, d'autres fois moins, mais que je conseille toutefois à qui voudrait apprécier le talent brut d'une nouvelle réalisatrice.