Suite du festival kazakhstanais avec ce film. Encore un changement d'ambiance, avec ce drame situé dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Abaï, poète et humaniste, s'y oppose aux lois ancestrales (y compris au système des clans) qui régissent encore la vie du peuple kazakh, bien qu'on soit dans l'empire russe (qui laisse faire). Le film propose (comme pour La jeune fille de soie) une très belle reconstitution, au point de parfois frôler le document ethnographique dans certaines scènes. Il est essentiellement interprété en kazakh, mais ici la culture russe se mêle un peu à l'affaire (dans certains moments, la musique des chants kazakhs semble nettement russifiée, et un des personnages a mis en musique un extrait de Eugène Onéguine -la lettre de Tatiana- traduit en kazakh).
Le film est bien mené, et bien interprété, même s'il est parfois un peu bavard ou un peu longuet (mais il reste relativement court). A noter la présence de quelques cartons (un ou deux ) entre les scènes, cette habitude n'était pas encore perdue...
Le film pourra nous paraître assez atypique dans la production soviétique de l'époque (il est sorti en 1945), mais il faut préciser une chose : on connaît surtout de cette époque (40:45) la production de culture russe , essentiellement des films sur la guerre, beaucoup moins le reste.
Une chose est sûre, vu son sujet, la propagande se fait très discrète, et en reste à des généralités sur le fait d'abandonner des us et coutumes d'un autre âge (un thème encore d'actualité) et l'apport dans ce domaine des idées disons modernistes propagées par les "occidentaux" (Russes ou Ukrainiens). Modernité qui, dans la vie quotidienne, n'est présente que par quelques détails ( un personnage porte des lunettes, on aperçoit une machine à coudre) ou les personnages liés au pouvoir russe (le représentant du gouverneur).et Abaï ne la refuse pas (son fils vit à St Petersbourg).
Tout ça en fait un film assez instructif sur la situation dans les coins reculés (et non russes) de l'empire des Tsars il y a environ 150 ans...
PS Ces films sont très variés dans leurs style, et les sujets abordés, mais il y a une constante : l'importance du cheval dans la culture (et même la vie quotidienne) locale ...Même de nos jours : je me rappelle avoir vu un documentaire sur des fouilles au Kazakhstan où les locaux travaillant sur le site arrivaient pour la plupart à cheval,

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le 22 déc. 2020

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