Pour son second long métrage Georges Tillman Jr adapte un livre sur la vie de Carl Brashear, le premier Afro-Américain à être devenu scaphandrier pour la Navy dans les années 50. Le film s’attarde sur les années que Carl a passées dans l’armée. Le moins que l’on puisse en dire est que son parcours n’a pas été de tout repos.


Pour interpréter ce rôle, le cinéaste fait appel à Cuba Gooding Jr ( Boyz n the hood, Jerry Maguire, American Gangster). L’acteur réalise l’une de ses meilleures prestations et fait ressentir beaucoup d’abnégation et d’émotion dans la peau de ce personnage qui a une volonté et un mental exceptionnelle. La force de cet homme, c’est le courage perpétuel dont il fait preuve pour atteindre son but. Bien que la ségrégation raciale soit finie, Carl est toujours confronté au racisme de la part de ses camarades, mais aussi de la part de ses supérieurs pour qui il est impensable qu’une personne de couleur puisse atteindre un jour le grade prestigieux de major scaphandrier, ils feront tout ce qui est en leurs pouvoirs pour le décourager. Confronté à ses équipiers, sa hiérarchie, une commission ou bien le destin lui-même qui s’acharne sur lui, Carl Brashear est un eternel challenger et malgré sa position, il n’abandonne jamais, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte.


Pour donner du fil à retordre à notre plongeur, c’est Robert De Niro en incarnant le chef-maître Billy Sunday qui est choisi pour lui mener la vie dure. Il fait de Carl son souffre douleur, il est sans pitié avec lui. Un rôle parfaitement adapté pour celui qui a malmené physiquement Léonardo Dicaprio dans Blessure Secrète (1993). C’est au niveau psychologique qu’il va s’en prendre à Carl, en lui rappelant constamment son infériorité en lui donnant le surnom de « Cuistot » ( Carl a commencé en tant que cuisinier sur un navire) ou en lui disant que jamais un noir qui sort de nuls parts ne pourra atteindre l’élite de la Navy. Tous les moyens sont bons pour le décourager et le faire abandonner. De Niro est toujours aussi impeccable dans ce rôle de tortionnaire impitoyable.


Dans ce type de récit, la bande originale à une grande importance, les compositions de Mark Isham accompagnent merveilleusement bien les moments de tension ou d’émotions.


Là où le film faiblit, c’est au niveau de ses protagonistes féminins et principalement le rôle de Charlize Theron qui n’a aucune utilité concernant l’avancement de l’intrigue hormis celui d’être la femme délaissée de Billy Sunday. Sachant que ce personnage est totalement inventé et au vu du talent incontestable de l’actrice, George Tillman Jr avait toute la place nécessaire pour exploiter de façon optimale ce personnage.


Le même problème se pose un petit peu avec la femme de Carl, Jo Brashear (incarné par Aunjanue Ellis). Le temps d’une scène, qui sert à son introduction dans l’histoire, on sent l’importance qu’elle peut avoir, mais elle est très vite abandonnée.


Il est évoqué dans le film que la famille de Carl a fait beaucoup de sacrifice pour qu’il puisse atteindre ses objectifs.


On manque donc d’empathie pour ce personnage, car nous n’avons jamais l’occasion de voir l’impact que l’ambition de Carl a eu sur Jo.


Pour en finir, certains peuvent décrire le film comme naïf, patriotique, mièvre ou trop romancé.
Personnellement, ce que j’en retiens, c’est son message, une véritable leçon de vie à laquelle nous devrions tous prendre exemple.
Même si nous n’avons pas la chance d’être privilégiés dans la vie, que nous ne partons pas égalitaire, que ce soit au niveau financier ou intellectuel, peu importe nos origines, l’élément capital de base qui fait que chaque individu peut réussir, c’est sa détermination, sa combativité et sa rage de vaincre. C’est ce qui transcende un homme, ce qui lui permet de réaliser son but. Bien que certaines personnes fassent tout pour nous décourager, ou que le sort s’acharne contre nous, il faut savoir encaisser, parfois tomber, pour mieux se relever. Être patient, faire des concessions, travailler dur, sont les armes dont nous disposons tous pour y parvenir. Nous ne sommes pas des surhommes, notre entourage est donc très important pour arriver à s’accomplir. L’amour et la confiance qu’ils nous témoignent peuvent nous permettre de nous redonner cette motivation lorsque l’on est sur le point de flancher.
Voilà ce que conte cette œuvre, l’histoire d’un homme ordinaire dont l’envie de ne jamais abandonner lui donne une force extraordinaire.

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le 21 oct. 2015

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Chris Tophe

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