Qui aime bien, châtie bien
Étrangement, je n’avais pas eu beaucoup d’échos de ce film avant qu’on ne me propose d’aller le voir. Pourtant en lisant maintenant un peu à droite à gauche je me rends compte que ce film a fait quelque peu parlé de lui et a fait sensation. J’ai, en général assez peur des films français récents qui font parler d’eux. Disons le tout de suite, Les Combattants n’est pas exempt des défauts que je retrouve parfois en bien plus prononcés dans ces films. Je commence donc par ce qui fâche, à savoir le ton de la première partie du film (avant le départ pour le stage militaire donc). Si l’humour est globalement classique mais bon et les personnages assez relevés et drôles dans les premières minutes, l’omniprésence de cet humour qui est inspiré, pour moi, de l’humour « à la Intouchable » ou de celui des youtuber, à savoir, on rigole car les personnages sont cons ou bêtes ou moqueurs (exemple le « maintenant je vois mieux au-delà des trucs »), devient parfois lourd car trop prévisible et répétitif. Attention, soyons clairs, on rigole bien durant cette partie, mais pas à chaque fois, et donc du coup c’est un peu dommage. Deuxième élément qui m’a un peu chiffonné : le jeu d’acteur. Adèle Haenel crève l’écran (mais pas autant que dans Naissance des Pieuvres) mais Kévin Azaïs reste assez moyen et simpliste. Enfin, si l’ensemble du film est en lui-même assez original, on retrouve un certain nombre d’éléments et de thèmes déjà vu un grand nombre de fois comme la forêt symbole du retour aux sources et de la réconciliation, le « je t’aime moi non plus » comique ou encore la confrontation entre le fantasme et la réalité (armée fantasmée par Madeleine, réalité qui ne lui correspond pas). Bref, voila pour ce qui m’a un poil déplu.
Pour ce qui est du reste, je dois avouer avoir pris un pied monstrueux à la scène d’introduction avant l’écran-titre. La conjugaison d’un humour cru que l’on découvre dès la première scène et d’une séquence de menuiserie sur fond de musique techno-rock bandante m’a vraiment procuré un grand plaisir. Si comme je l’ai dit, la première partie du film n’est pas ma favorite, elle reste néanmoins globalement drôle et pose bien les bases de la relation particulière Madeleine/Arnaud qui va ensuite évoluer. Mais la principale performance cinématographique du film est sa capacité à explorer avec succès différents genres (romance comique, scènes typées « action », contemplation jusqu’à parfois même l’angoisse) qui s’emboitent parfaitement et forment un parcours ascendant, initiatique et salvateur pour les personnages qui en sortirons, sinon plus avancés dans la vie, au moins plus en accords avec eux même et grandis (et amoureux, tant qu’a faire !). J’ai été enfin particulièrement séduis par la troisième partie du film se déroulant en forêt et encore plus par l’épilogue surréaliste (dans le bon sens du terme) et très intense. Bref, Les Combattants est un bon film, imparfait mais très frais et savoureux.
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J’ai aimé :
- les musiques, totalement cohérentes et envoutantes
- la photographie qui est de très bonne facture (certain plans-fixes sont magnifiques)
- le jeu d’Adèle Haenel
- la progression en intensité du film qui lui donne un très bon rythme
- l’humour quand il marche bien
- les prises de risques du réalisateur
- la scène surréaliste de l’épilogue
- la relation Madeleine/Arnaud traitée avec une justesse de ton admirable
Je n’ai pas aimé :
- le jeu de Kévin Azaïs et son personnage un peu plat au début
- l’humour un peu redondant et prévisible