Trois mondes
Quand elle débarque dans la vie d'Arnaud, Madeleine est comme un ouragan, un orage. Lui, il est du premier monde, perdu entre le refus de se projeter, une envie d'envol et le maintien de l'entreprise...
Par
le 10 juin 2014
58 j'aime
14
Il semble difficile, de nos jours, de réaliser des films "à côté", de raconter des histoires hors norme, hors cadre, hors construction. Les Combattants parvient pourtant à toucher sa cible avec une histoire, non pas complètement barrée, mais singulière et rare. Ce qu'il y a d'étrange avec ce film, c'est qu'on ne sait pas bien où il va, et cela jusqu'à la dernière scène ! Est-ce un film allégorique sur la jeunesse ? Est-ce un film sur la folie ? Ou bien sur le survivalisme ? Il est difficile de le dire tant Cailley est subtil dans son approche de ses personnages et de leur histoire.
Le postulat de base est pourtant très classique, s'inspirant d'un des fondements de toute histoire : la rencontre du héros avec un personnage différent de lui ayant pour but l'évolution de sa façon de voire le monde. Lorsqu'il s'agit de deux adolescents de sexes opposés, on voit de suite où cela peut nous mener.
Pourtant, ce qui change ici, c'est le personnage de Madeleine, joué magnifiquement par Adèle Haenel, dont le fatalisme et l'absence total d'érotisme dès le début du film surprend et dévie le film de son destin premier. Totalement inadaptée socialement (on ne saura jamais pourquoi), Madeleine n'avance dans le récit que par ses actions, sa volonté, véritable moteur d'apprendre des techniques de survie en cas de fin du monde. Elle semble complètement déconnectée du monde social que l'on connaît. Même si, à y regarder de plus près, c'est elle qui est le plus ancrée dans la réalité. Arnaud, quant à lui, est un jeune homme classique de sa génération. Il agit, certes, mais très peu, et n'a quasiment aucune idée propre.
Le film tend à démontrer une chose par la rencontre de ses deux personnages : réagir n'est pas agir et penser n'est pas vivre. J'entends par là que Madeleine est devenue spectatrice de la vie des autres comme si elle en était elle-même totalement écartée et ses réactions hors normes la rapprochent de son but final tout en l'éloignant du présent. Madeleine ne vit que par rapport à un futur catastrophique (qu'elle ne vivra probablement jamais) et ne sait pas saisir le présent. On peut penser qu'Arnaud par son côté méditatif, aura, au fur et à mesure du film, une influence sur le comportement de Madeleine et parviendra à la ramener sur terre.
La fin répondra à cette question, de manière aussi désespérante que pleine d'espoir ! Quand je vous disais que ce film était spécial
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films vus en 2015
Créée
le 18 juil. 2015
Critique lue 509 fois
13 j'aime
D'autres avis sur Les Combattants
Quand elle débarque dans la vie d'Arnaud, Madeleine est comme un ouragan, un orage. Lui, il est du premier monde, perdu entre le refus de se projeter, une envie d'envol et le maintien de l'entreprise...
Par
le 10 juin 2014
58 j'aime
14
Auréolé d'une excellente réputation glanée au festival de Cannes (où il remporte quatre prix), "Les Combattants", premier film de Thomas Cailley, nous fait suivre Arnaud, jeune homme plutôt...
le 30 août 2014
37 j'aime
6
Du bois dont on fait les cercueils … C’est le très étonnant, très décalé prologue des Combattants – le cercueil proposé pour le père ébéniste, par une entreprise spécialisée, est fabriqué dans un...
Par
le 28 août 2014
25 j'aime
Du même critique
Le film qui m'a fait découvrir les sot-l'y-laisse. Donc 10/10. Bon trève de plaisanterie, je me dois de rédiger une "vraie" critique d'Amélie Poulain. Après l'avoir vu 5 fois, je crois que je m'en...
le 24 sept. 2011
191 j'aime
40
Totoro est sans doute mon Miyazaki préféré (avec Ponyo). Certes, il en a fait des plus classieux (Porco Rosso), des plus fouillés (Chihiro) ou des pleins de messages (Mononoké) mais celui-ci...
le 27 juin 2011
186 j'aime
57
Le film démarre comme un clip de MTV, avec de la musique merdique et la caméra qui tremble. Il n’y a pas de dialogue, juste des cons qui sautent à moitié à poil en buvant de la bière (yeaah on se...
le 16 mars 2013
161 j'aime
39