Les Contes de Terremer est un film difficile à appréhender. Projet hybride à la base porté par Hayao Miyazaki, issu difficilement des studios Ghibli de par son délai de production sûrement trop court, le film deviendra finalement le premier essai de Gorō Miyazaki. Mais il ne faut pas commettre l'erreur de vouloir hisser la barre des attentes trop haute, malgré le poids écrasant de l'ascendance du réalisateur.
Au niveau scénaristique, commençant tout juste la lecture des œuvres d'Ursula Le Guin, qui ont inspiré le film, je ne pouvais donc pas m'appuyer sur ces-dernières lors de mon visionnage.
Le point faible des Contes de Terremer repose sur une histoire un peu trop floue, qui recèle certes d'éléments intéressants, surtout concernant l’aspect psychologique des personnages (notamment la quête spirituelle et identitaire du héros qui cherche à se détacher de l'ombre de son père, où un parallèle ironique peut être établit avec les tensions qui ont eut lieu entre Gorō et son père lors de la production du film, les deux étant en constant désaccord sur la progression de l'histoire), mais qui auraient mérité un développement bien plus concret, tâche difficile sur un seul film au vu des sujets abordés. Une impression d'ambiguïté et/ou d'inachevé se fait donc ressentir une fois le film terminé.
En dépit de cela, Les Contes de Terremer peut également se gratifier d'une splendide qualité graphique tout comme chaque Ghibli, d'une ambiance relativement sombre et peu enfantine (très éloignée de celle des productions des studios en général), de quelques scènes bien menées, de paysages superbes et d'une bande-son admirable qui bénéficie de belles envolées, même si le thème mélodique est parfois récurrent.
Pour finir, Gorō Miyazaki a ma toute ma considération. Car pour un premier essai, bien que très inspiré, le réalisateur a réussi à imposer un style propre et des choix personnels. Il connaîtra plus tard une expérience un peu plus sereine avec La Colline aux Coquelicots.