Les Damnés
7.4
Les Damnés

Spectacle de Ivo van Hove et Don Kent (2016)

Il est rare que j’attribue la note de 1/10 à une œuvre, car je juge toujours qu'il y a un fond, une volonté lorsque l'artiste en question à réalisé, conçu et écrit l’œuvre en question, mais là il n'est pas seulement question de la forme de la pièce. Par forme, j'entends la qualité de la mise en scène, son originalité, son écriture ainsi que le jeu d'acteur. Dès fois il faut aussi parler du fond, de ce que le metteur en scène voulait dire au travers de cette pièce les raisons pour lesquels il a fait de tels choix question que l'on peut bien se poser en regardant l’adaptation du film de Visconti par Von Hove.


Tout d'abord commençons par les points positifs de cette pièce car, oui aussi incoryable que cela puisse paraître au vu de ma note la pièce ne manque pas de points positifs. Le premier qu'il me semble évident et que l'on ne peut nier et la qualité du jeu d'acteur, on retiendra particulièrement la performance époustouflante du début à la fin de Christophe Montenez dans le rôle de Martin. Les acteurs, sont bons on ne peut pas aussi nier la modernité de la mise en scène de Von Hove qui interagit en permanence avec le numérique. En effet, la pièce est filmée en permanence par des cameramans. On peut aussi rajouter à la pièce un certain brio, tellement que son indécence et sa perversité réussissent à plonger le spectateur dans un état de malaise complet.
Si vous êtes en train de lire cette critique vous pouvez légitimement vous demander pourquoi j'ai mis une note si basse à la pièce alors que je lui trouve de nombreux points positifs. Tout d'abord, il faut le dire, la pièce est trop longue, en effet, au bout d'un moment on remarque vraiment que la pièce dure 2h20 et l'on commence à s’ennuyer sérieusement, mais on ne met pas la note la plus basse à une œuvre, juste parce qu'elle est un peu trop longue alors qu'elle a des qualités. Ce qui me gène dans cette pièce c'est ce que Von Hove met en scène, aucun cliché ne nous est épargnés. Le film se passe durant la nuit des longs couteaux dans une famille de nazis et commence par l’incendie du Reichtag mais bien sur les clichés ne s'arrêtent pas là, il est obligé qu'il y aille un communiste au sein de la famille, trait lourd pour nous montrer ce que nous savons tous que tout les allemands n'étaient pas d'accords avec Hitler. Tout au long de la pièce différents personnages mourront, et histoire de nous montrer qu'il sont morts et qu'ils vont dans les camps de concentrations aucune symbolique aussi morbide que inutile nous est épargné. En effet, lorsque un personnage meut, une sonnerie, tel qu'une locomotive aurait fait en passant dans les années 1930 résonne dans la Salle Richelieu tandis que les lumières de la Salle est filmée par l'un des caméramans, au travers de ce rituel, on insiste bien pour faire comprendre un hypothétique spectateur qui n'aurait aucune notion de culture générale sur l'Allemagne dans les années 1930 que les allemands qui ne sont pas dans la lignée du Führer vont dans les camps de concentrations et que pour y aller ils prennent le train. On voit au travers de ce rituel lié au train ce qu'on pourrait qualifier de "L'Histoire du nazisme pour les nuls" par Ivo von Hove. Mais les rituels ne s'arrêtent pas ici, à chaque fois qu'il y a un mort et il y en a plusieurs, tout les personnages vont sur la scène et se tiennent debout sur le damier, tels des pions d'un jeu d'échec qui serait manipulés tels des marionnettes (si tu voulais faire du théâtre de marionnette, Ivo, fallait aller à Lyon chez Guignol, un guignol comme toi aurait été le bienvenu). Pour finir, sur la partie "des morts" de la scène quand il y a des morts, ceux-ci se rendent eux-mêmes dans leur cercueils déjà prédisposés sur la droite de la scène et ont les voit au-travers de l'écran être filmés et agoniser dans leur cercueil. Là-aussi le metteur en scène pose des questions ridicules du type "sont ils vraiment morts ?".Von Hove nous interpelle aussi au-travers de ces rites funéraires en nous disant "regardez, les nazis ce qu'ils ont fait c'était pas bien, c'était dégueulasse", merci Ivo on le savait, sans que nous fasse ta pièce, on l'avait déjà compris depuis longtemps. Les nombreux rites funéraires/macabres/morbides de la pièce n'en sont pas le seul problèmes, s'en est même un problème secondaire. La pièce de Von Hove est absolument caricaturale. La représentation des Nazis comme incestueux, violeurs, matricide, pédophile ... et j'en passe. Que se soit clair je n'ai absolument aucune sympathie idéologique envers les nazis mais je pense que représenter les nazis de cette manière aussi caricaturale ne peut qu'aider un nouveau Hitler à arriver au pouvoir. Je pense que représenter dans de scènes de décadences tel une scène d'orgie de 10 minutes, une scène ou deux acteurs seuls sur scènes font des glissades dans une flaque de bière dénudé est absolument inutile. Je pense que si le réalisateur flamand voulait critiquer l’esthétique nazi il n'avait pas à la reprendre; pourtant c'est exactement ce qui est fait. Je tiens pour finir à revenir sur des scènes que je juge particulièrement choquantes. Je tiens à préciser que je me fiche de voir des gens nus sur scènes et que je peux même me féliciter de tels mise en scènes si elles me semblent justifiés et intéressantes mais ici ce n'est pas le cas, cela revient juste à des bouffonneries que ferrait un enfant de CE2 si on lui disait de mettre mal-alaise son auditoire. Je juge les scènes du mariage funèbre et du complexe d’Œdipe ridicules et mal mise en scène (en effet, on ne comprend pas pourquoi dans la scène du mariage funèbre von Hove reprend tout d'un coup l'esthétique du Western). Je ne prendrais même pas la fête de revenir sur la scène de viol de la serveuse qui est aussi ridicule, nauséabonde qu'ultra-ultra-prévisible. Je me donnerais pas la peine de revenir sur la scène de pédophilie, qui est peut-être prise sous l'angle du jeu mais il est honteux de faire en 2017 une apologie du viol. On pourrait aussi parler de la scène où pendant qu'une fille joue à cache-cache les yeux bandés ses parents ont des relations sexuelles cela ne servirait à rien.
En conclusion, cette pièce est une honte, une pièce à proscrire qui ne parle que de manière schématique d'une perriode pourtant si importante, une pièce à voir sous aucun prétexte, me concernant Von Hove rejoint le panthéon des réalisateurs dont je ne regarderais plus jamais une de leurs œuvres.

Un-Nain-Connu
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le 8 déc. 2017

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