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Je suis désormais officiellement un Jacques Demy fanboy en seulement 2 films et 2 jours - bravo !

Wouah ! Je suis choqué par ce vent de fraîcheur, d’énergie et de vivacité, qui n’a pas pris une ride depuis 1967 ! Le film commence avec le mouvement : des jeunes gens arrivent dans la ville, descendent d’une auto, se mettent à danser, ce qui annonce tout de suite la couleur. Je ne suis initialement pas le plus grand fan de comédies musicales (bien que mes goûts ces derniers temps me font de plus en plus pencher vers ça), mais il faut admettre que l’éclat des couleurs qui se répondent et se crient l’une sur l’autre, et les virevoltes des danseurs et danseuses, à la fois folles, nerveuses, et merveilleusement synchronisées, captivent tout de suite l’œil ! La caméra se balade tranquillement de rue en rue, de la place à l’appartement, et tout semble possible dans ce mouvement fluide et permanent du film, qui se voit parfois par des travellings (je crois, je ne suis pas sûr du vocabulaire), parfois par des fondus (je pense à la scène où un peu tous les personnages du film se retrouvent, en fondu).

Les intrigues amoureuses sont simples et classiques, mais la façon dont elles s’enchevêtrent donne un puissant sentiment de vie, de jeunesse : ces personnages vivent, ont des caractères forts, bien trempés. Les jumelles touchent par leur entente admirable et leur complicité, en même temps que par leur assurance et une forme de féminité franche et puissante qu’elles représentent. Les garçons du film sont à la fois exaspérants et attendrissants par leur balourdise (même le blond qui cherche son « idéal »). Même les personnages secondaires, comme le petit Boubou (rpz le cœur a ses raisons !) ou Dutroux, apportent leur couleur et leur saveur dans ce grand mélange.

Dans ce film tout ou presque rit, reluit, c’est pimpant et ça ne sonne pourtant pas faux : ces errances sentimentales de la jeunesse sonnent vrai, malgré le grand renfort d’artifices utilisés.

Dans Les parapluies de Cherbourg on avait un drame puissant et réduit, confiné à quelques pièces, de personnages tourmentés et écrasés par des normes et des règles sociales, et chantant leur détresse. Ici nous avons une comédie légère et galante, où l’espace de toute la ville sert de théâtre aux galipettes de tout un peuple en fête.

Enfin ce film contient tout ce que j’aime. Des personnages bien marqués, touchants, attachants ; des partis pris esthétiques visuels évidents et pétillants ; un rythme efficace et détonnant ; des acteurs au comble de la justesse et de l’évidence – je suis ébloui par le talent de Catherine Deneuve et Françoise Dorléac : elles jouent si bien, chantent si bien, dansent si bien !

J’adore le passage en alexandrins lors d’un dîner mondain (l’alexandrin utilisé comme moyen de représenter les conventions sociales étriquées ?).

J’adore la chanson lors du numéro des jumelles au spectacle, « chanter la vie, chanter les fleurs ».

C’est un film qui chante et enchante la vie, et un film très important car il sert d’anti-dépresseur très efficace après le visionnage des Parapluies de Cherbourg (indication médicale).

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Bref, c’est le genre de rencontre que j’ADORE faire en art.

Je suis devenu en deux jours très fan de Jacques Demy, qui est déjà l’un de mes réalisateurs préférés avec ces deux films extraordinaires que je pense revoir régulièrement.

Enfin… On verra. Le temps le dira. Mais j’ai comme le pressentiment que c’est ce genre de films qui s’accrochent à ta rétine et à tes tympans, que tu traînes avec toi dans ta tête un instant, bref, qui te marquent.

Et ça fait toujours plaisir d’élargir son champ de chefs d’œuvre.


burekuchan
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le 22 août 2025

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