(hommage tardif à Michel Legrand)


Puisqu'il s’agit de Rochefort, l'ancienne ville de la Marine Nationale je ne ferai que des remarques- bateau.


A elle seule la musique de Michel Legrand transcende tout le film, comme celle d'Ennio Morricone transcende les films de Sergio Leone dans un tout autre style.
Avec son style jazzy et son sens de la mélodie, Michel Legrand réussit à faire de cette comédie musicale française l'égale des meilleures comédies musicales américaines.


Les acteurs forment une sorte de dream team et sont tous à leur meilleur niveau.
Catherine Deneuve est très jolie mais ça, comme elle le dit elle-même, ce n'est pas très original.
Françoise Dorléac l'est tout autant, mais comme elle n'est plus là, c' est un peu plus triste.


Danielle Darrieux, comme d'habitude, respire l'enthousiasme et la joie de vivre et c'est la seule à ne pas être doublée quand elle chante (très bien d'ailleurs).


On retrouve chez les acteurs le toujours génial Gene Kelly et les très bon acteurs-danseurs Georges Chakiris et Grover Dale. On remarque aussi le toujours bien habillé Michel Piccoli, et le jeune premier Jacques Riberolles, qui a une certaine ressemblance avec Jean-Louis Trintignant.


Je suis fier à présent d'avoir choisi Jacques Perrin pour mon avatar actuel. Je l'avais choisi un peu au hasard mais il est ici excellent comme dans tous les films où je l'ai vu.


On ne retrouve donc que du beau monde. N'y manque que mon grand-père qui, en tant que marin, était lui aussi résident de la cité au pont-transbordeur. Dans la monotonie des décors de mon enfance le nom de Rochefort me faisait rêver d’autant plus que je n’ ai vu le film que récemment pour la première fois.


La production a fait de gros efforts pour repeindre tous les volets de la place Colbert et des rues voisines. L’équipe a choisi également des costumes et des capelines de couleur flashy pour venir en contrepoint de la joie procurée par la musique.


Quelques allusions sont disséminées ici et là par Jacques Demy. On apprend par la presse qu'une danseuse du nom de Lola-Lola a été retrouvée découpée en morceaux dans une malle, allusion au film Lola. Le coupable est un certain Dutroux, (Henri Crémieux) qui participait juste avant à un repas en commun. Les films de Jacques Demy sont loin d'être mièvres, il y a toujours un arrière-plan tragique qui met en valeur la comédie.


Il n'y a pas de temps mort, fait rare dans une comédie musicale. Les meilleures séquences sont les séquences chantées avec Catherine Deneuve et Françoise Dorléac bien sûr, ou celles avec Danielle Darrieux.
Mais plusieurs séquences moins connues méritent d'être mentionnées. Ainsi le repas de famille où toutes les phrases sont prétexte à vers et à rimes.


Ce film, certes, paraît kitsch et n'est pas de ma génération. Ainsi comme tous mes conscrits je l'ai longtemps ignoré en ayant peur de passer pour un ringard. Il faut dire que la quasi-totalité de la critique de l'époque se moquait du film. Bertrand Tavernier rappelle fort justement combien la comédie musicale et la musique de film en général était méprisée par la critique en France. Mais après avoir fait un tour rapide de la Nouvelle Vague je me suis aperçu tardivement que les Demoiselles de Rochefort était un cran au-dessus de tous ces films évoquant soi-disant la liberté.


La manière dont la musique de Michel Legrand colle au film de Jacques Demy est assez incroyable, c'est du domaine du magique. Les deux amis dialoguaient beaucoup avant de se mettre d'accord et étaient toujours sur la même longueur d'onde. Xavier Beauvois explique que le film était déjà à moitié fini avant d'être tourné.


Après Peau d'Ane la carrière de Jacques Demy a connu un déclin incontestable. Le problème de Jacques Demy était sa moitié, Agnès Varda. Elle considérait qu'un artiste doit contester la société, être contre la police, ce genre de choses. Des idées louables mais qui n’avaient rien à voir avec l'univers de Jacques Demy...


Enfin, dernière remarque-bateau avant de larguer les amarres, remarque déjà observée dans plusieurs critiques : quel dommage que la vie ne ressemble pas à un film de Jacques Demy !

Créée

le 27 févr. 2019

Critique lue 211 fois

9 j'aime

10 commentaires

Zolo31

Écrit par

Critique lue 211 fois

9
10

D'autres avis sur Les Demoiselles de Rochefort

Les Demoiselles de Rochefort
Hélice
10

Critique de Les Demoiselles de Rochefort par Hélice

Les Demoiselles de Rochefort est un des films les plus beaux que j'ai vu. Son charme réside à mon avis dans ce décalage entre un naturel absolu (glissement d'un espace à l'autre, de la parole au...

le 26 nov. 2010

60 j'aime

3

Les Demoiselles de Rochefort
Grard-Rocher
9

Critique de Les Demoiselles de Rochefort par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Un beau matin de très bonne heure, les forains débarquent à Rochefort, sous-préfecture et ville portuaire bien calme mais empreinte d'une certaine gaieté grâce à ses militaires de la marine. Malgré...

53 j'aime

16

Du même critique

La Vie scolaire
Zolo31
7

Wesh Moussa, j’te connais, mec de mon bâtiment !

J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...

le 1 sept. 2019

34 j'aime

10

Thalasso
Zolo31
7

Extension du domaine de la lutte par l'utilisation combinée des bienfaits du milieu marin

Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...

le 21 août 2019

28 j'aime

10

Julieta
Zolo31
5

Homéopathie? Pauv' Julieta!*

Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...

le 1 juin 2016

28 j'aime

1