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Le titre laissait d’abord à penser qu’il s’agissait là plutôt d’une fiction mettant en scène deux papes à la tête du Vatican. Mais non ! Car ces deux hommes en blanc, ils existent bel et bien… sauf qu’ils ont dirigé le Vatican l’un après l’autre !
Le film du réalisateur Fernando Meirelles (auteur du pénible La Cité de Dieu en 2003) évoque les moments passés en tête à tête entre ces deux hommes dans les résidences papales à Rome et à Castel Gandolfo. La caméra ne les quitte quasiment pas durant plus de deux heures. On découvre qui ils sont, ce qui les oppose mais aussi ce qui les rassemble. On voit naître, malgré leur vision de l’Eglise assez opposée, une forme d’amitié, en tout cas une complicité et un immense respect entre le conservateur Ratzinger et Bergoglio le progressiste.
Adapté d’une pièce de théâtre, elle même inspirée de faits réels, cette fiction, on le comprend très vite, n’est pas là pour nous proposer une plongée au cœur des secrets du Vatican, et encore moins pour régler des comptes. Malgré tout, les scandales financiers ou de pédophilie sont abordés à plusieurs reprises et sans détour dans le film, donnant lieu, d’ailleurs, à de vifs et francs échanges entre les deux hommes.
Ce film — bien loin de la vision baroque et shakespearienne que peut porter Paulo Sorrentino sur le Vatican dans sa formidable série The Young Pope et sa suite The New Pope — c’est avant tout le portrait (que certains trouveront un peu trop complaisant) de deux éminents hommes d’Eglise, brillamment incarnés par Anthony Hopkins (Benoît XVI) et Jonathan Pryce (François).
La vraie réussite de Meirelles et de son scénariste Anthony Mc Carten (Bohemian Rhapsody, Les Heures sombres) est d’avoir fait de cette fiction un objet cinématographique totalement passionnant et moderne dans la forme, qui se dégustera tranquillement comme un bon vin. Car on se délecte vraiment à chaque instant de la mise en scène et de la photo superbe mais aussi et surtout des décors (avec une magnifique reconstitution de la chapelle Sixtine !) et bien sûr des dialogues, souvent truculents, parfois légers et même plein d’humour, quand les deux papes parlent musique et football, avec notamment une scène finale de Coupe du Monde 98 très drôle.
Une belle réussite donc pour Netflix qui, après les très réussis The Irishman et Marriage Story, élargit encore un peu plus son champ cinématographique tout en gagnant en qualité avec des productions véritablement ambitieuses.
https://www.benzinemag.net/2020/01/06/netflix-les-deux-papes-un-petit-miracle-signe-fernando-meirelles/

BenoitRichard
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le 6 janv. 2020

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Ben Ric

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