Première réalisation du studio Idéfix, ce dessin animé est la seule création originale du duo Uderzo – Goscinny mettant en scène nos amis gaulois, ce dernier étant décédé un an seulement après sa sortie. Il est évident, de l’avis de beaucoup, que nous tenons ici la meilleure aventure d’Astérix sur grand écran. Déjà, pour les amateurs de dessins animés à l’ancienne avec des crayonnages très marqués et des décors qui sont davantage des tableaux que des lieux en mouvement, le résultat est d’une infinie beauté. Certes, les couleurs ne sont pas toujours fameuses (les copies ont mal vieilli et peinent à être bien restaurées), mais l’animation est parfaitement fluide et les voix (celle de Panoramix exceptée) au diapason d’un texte profondément gaulois et populaire comme la série avait été imaginée à son époque. Gérard Calvi, qui a repris du service après les deux premiers opus, renouvelle ici avec à propos ses thèmes musicaux et cet opus nous dispense de passages chantés, ce qui est à mon sens un point positif.


Si certains éléments ont vieilli (la présentation des personnages par exemple au début), l’idée de départ est excellente et parfaitement exploitée. Ces douze travaux sont une aubaine pour mélanger références antiques et anachronismes irrésistibles qui sont la marque de fabrique de la bande dessinée. Bien entendu, toutes les épreuves ne sont pas une réussite totale mais celles qui sont clairement là pour faire le nombre ne gâchent pas le plaisir suscitée par les plus cultes. En tête de celles-ci, bien entendu, « la maison qui rend fou », séquence classique menée avec un sens du génie intact, qui illustre tout à fait ce qu’est Astérix : un titre qui parle à tout le monde, capable de faire rire les grands et les petits, et de croquer avec justesse les travers de notre monde moderne à travers des situations pour le moins savoureuses. On appréciera, dans la même veine, la parodie burlesque de la publicité avec le vénérable du sommet qui est un grand moment de ce dessin animé ou le passage d'Astérix devant soutenir le regard hypnotisant du mage.


Si le schéma narratif est évidemment répétitif de par son concept, si on trouve ça et là quelques longueurs ou faiblesses, la pertinence de l’ensemble emporte aisément le morceau. On rit, par moments, très franchement, c’est à la fois frais comme un film pour les enfants et subtil pour les plus grands. Riche en fantaisies, à la fois burlesque, cartoonesque et absurde, ce titre ouvrait une porte que seul Walt Disney avait réussi à ouvrir avant. La mort de René Goscinny, hélas, ne permit pas d’explorer davantage le projet du duo (qui était, effectivement, de concurrencer Walt Disney en France) mais il nous reste cependant cet excellent film d’animation qui reste parmi les meilleurs réalisés en France.

Play-It-Again-Seb
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2021 et Les meilleurs films Astérix

Créée

le 16 nov. 2021

Critique lue 211 fois

14 j'aime

7 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 211 fois

14
7

D'autres avis sur Les Douze Travaux d'Astérix

Les Douze Travaux d'Astérix
Ugly
8

Le laissez-passer A-38

Ce troisième dessin animé Astérix est souvent reconnu comme le meilleur, je le confirme, et ce pour plusieurs raisons, la première étant que ce n'est pas l'adaptation d'un album existant, les...

Par

le 7 août 2018

80 j'aime

65

Les Douze Travaux d'Astérix
Karrie
8

"Brutus, range ce couteau, tu vas finir par blesser quelqu'un !"

Y a des images, gamin, qui vous reste gravées dans le crâne même si vous ne savez plus très bien à quoi elles correspondent. Astérix et Obélix se retrouvant à la station de métro Alésia (GROS fou...

le 10 août 2012

49 j'aime

10

Les Douze Travaux d'Astérix
Jackal
8

Ces types-là sont pas humains

Jules César a une nouvelle idée pour enfin asservir le village irréductible gaulois : il leur propose un défi basé sur le même principe que les 12 tâches confiées à Héraklès (ou Travaux d'Hercule si...

le 4 avr. 2011

40 j'aime

11

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 14 nov. 2023

21 j'aime

22