Voilà l'histoire d'une communauté religieuse bienfaisante, venant en aide aux démunis, mise à sac pour avoir commis l'erreur de faire entrer en son sein une jeune adolescente sceptique et habitée par le diable. Ce que c'est que d'ouvrir sa porte à tout le monde ! On fait le bien et on se retrouve accusé de toutes les horreurs du monde !


Les éblouis décrit de manière efficace l'embrigadement subtil et progressif d'une famille dans une communauté qui les accueille, les écoute, les rassure, les isole et les absorbe complètement. L'histoire est vécue à travers le regard et le ressenti de Camille, d'abord soucieuse de voir sa mère être heureuse puis inquiète pour ses frères et sœur que leurs parents semblent avoir abandonné à la communauté. On est toujours ému de voir l'innocence subir l'injustice et la contrainte.


La force du film tient à l’interprétation exceptionnelle de Camille Cottin, Eric Caravaca, Jean-Pierre Daroussin et la jeune Céleste Brunnquell.


Camille Cottin (loin de son registre habituel de l'humour pince-sans rire) et Eric Caravaca incarnent avec beaucoup de justesse ces parents fragiles, en quête d'eux-même, victimes devenues bourreaux, absorbés par leur mission de faire le bien au point de ne pas se rendre compte qu'ils ont cessé de protéger leurs enfants.


Jean-Pierre Daroussin, regard bienveillant rempli de tendresse dissimulant une intransigeance implacable, est impeccable dans ce rôle de berger veillant son troupeau de fidèles, moutons dociles bêlant (au sens premier du terme) lorsqu'il fait son entrée.


La religion catholique en prend pour son grade (une fois encore), même si c'est davantage le phénomène sectaire qui est visé. La réalisatrice s'inspire de son enfance dans une communauté religieuse stricte et fermée (elle dédie son film à ses frères et sœurs). Cela se passait dans les années 90 mais l'histoire du film se déroule de nos jours. Il oscille ainsi entre le message intemporel ("attention cela existe") et une histoire vécue mais passée, ce qui semble faire polémique dans l'Eglise catholique qui salue la description du "phénomène d'emprise" mais reproche la généralisation qui porte "le discrédit sur l’ensemble du renouveau charismatique".


La fin nous laisse frustré. On aimerait connaitre la suite.

Floridjan
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le 30 nov. 2019

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Floridjan

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