He berger nous!

Tout d'abord je dois dire avoir été agréablement surpris en voyant ce film. J'avais en effet peu d'attente devant ce film sans prétention, que j'ai visionné par un heureux hasard de circonstances. Seuls les maigres échos positifs entendus à son égard ainsi que le nom de Céleste Brunnquell (vu pour la première fois dans la série "En Thérapie" ) m'ont convaincu de lancer ce film.

Pour résumer rapidement le film (bon si vous voulez un meilleur synopsis il y en a partout sur internet), Camille, jeune habitante d'Angoulême et passionnée de cirque va intégrer, avec ses frères et sa petite sœur, la communauté de la colombe sous l'impulsion de ses parents. Cependant elle est partagée entre sa foi religieuse et sa passion artistique qui serait apparement incompatible. De plus elle se rend compte de certaines deviances dans la communauté de la Colombe ... Restera t-elle dans la communauté malgré tout ? Ou fuira t-elle ? Mais pour allez où ? Et qu'en sera t'il de ses parents et ses frères et sœurs ?

Dès les premiers instants de visionnage, je suis rentré dans l'intrigue. Il faut dire que la scène d'ouverture du film sur la représentation de cirque de la jeune Camille est sublime (caméra et musique) et nous "éblouit" dès le début avec son jeu de lumières. L'intrigue se déroule ensuite avec une fluidité à glacer le sang, en nous laissant regarder avec horreur cette famille agoumouisine s'enfoncer peu à peu dans la communauté de la Colombe. Le jeu d'actrice de Céleste Brunnquell est remarquable, les scènes clés du films n'en sont donc que plus fortes ! Il en va de même pour Camille Cotin, fidèle mouton de la secte et mère de Camille ainsi que Jean Pierre Daroussin, berger et fervent gourou de la communauté. La construction scenaristique est également louable, les dialogues sont simples mais efficaces, et correspondent également aux personnages ainsi qu'à l'environnement du film. D'autant plus qu'elle est accompagnée d'une grande cohérence expliqué par plusieurs choses. La première est l'histoire de la réalisatrice tout simplement. Sarah Suco a vécu dans une secte avec ses parents lors de son enfance, et on ressent dans le film cette expérience (bien qu'elle ait précisé que le film ne représentait pas plus de 5% de ce qu'elle a vécu... Ça fait peur). Ensuite, nous avon des personnages convenablement décris et correspondant à l'archétype des cibles d'une sectes. Un père un peu mou, lâche et suiveur sans grand esprit critique ainsi qu'une mère présentant des faiblesses psychologiques (accentué par son vécu ; tension avec son père, problème de travail etc...). Une fille aîné de douze ans, trop jeune pour prendre des décisions autoritaires et des frères et sœurs en bas âges donc facilement manipulables. Enfin, au delà des personnages se sont certains détails appréciables qui magnifie la cohérence (reprise des paroles du berger pour argumenter qui illustre le manque d'esprit critique ; Camille continue d'aller au, cirque en cachette ce qui montre qu'elle lutte en solitaire et elle est dans l'impossibilité de prendre une décision autoritaire).

Cependant, et malgré les nombreux points positifs relevés pour ce très bon premier film de Sarah Suco, la réalisation n'est pas exempt de critiques. On peut par exemple relever le flou temporel qui nous permet pas de suivre l'évolution de la pensée au fil des âges (ce qui est un peu dommage... Surtout pour les enfants). On aurait aussi apprécié que la progression soit quelque-fois un peu plus lente, et qu'il y ait plus de détails. Certains enchaînement sont un peu rapide.

Voilà à la volée ce qui m'a empêché de lui attribuer la note de 9 alors qu'il le mériterait presque. Ce film reste tout de même à voir, il traite avec brio d'un sujet peu évoqué et pourtant bien réel !