« L'altruisme est la plus grande forme d'égoïsme »

« L'altruisme est la plus grande forme d'égoïsme ». C'est cette idée affreuse (que j'ai pourtant malheureusement tendance à partager, du moins parfois) que se charge de mettre en scène Ivano de Matteo. Le film « se paye » donc violemment la (nouvelle) bourgeoisie (italienne) de gauche. Profiter de la vacuité des vacances pour recueillir une jeune prostituée ukrainienne, comme d'autres envoient quelques SMS pour l'Afrique. L'absence totale de jeu de la comédienne signifie d'ailleurs bien qu'elle n'est qu'un support, une poupée salvatrice pour jouer « les gens bien ». Mais voilà que le fils de la famille fricote avec. Rien ne va plus. Quand la poupée se réveille, s'anime et commence à peine à s'affranchir de sa condition, à se mêler avec ses bienfaiteurs, elle est remise « à sa place ».

Le film est assez réussit. La photographie (les passages de l'obscurité à la lumière en particulier) est bien maîtrisée. Pour autant, il ne nous apprend finalement pas grand-chose. L'hypocrisie qui accompagne souvent « l'engagement » politique n'est plus à démontrer. Simplement, plutôt que de la dénoncer et de marginaliser ses acteurs, peut-être serait-il plus pertinent (et surtout optimiste) d'exposer la quête de résolution de ses contradictions. Je le disais, j'ai moi-même peur d'adopter parfois ce point de vue. Car tout ce qui reste alors à faire c'est de ne pas bouger et de vivre décomplexé (terme qu'on entend de plus en plus...). Non, ce qu'il faut dire c'est que ce n'est certes jamais facile de s'engager et d'assumer ses positions, que l'on se confronte alors à soi-même, à ses a priori, que l'on est poussé dans ses retranchements. Mais ce n'est peut-être que par nos actions exceptionnelles (et éventuellement d'abord contradictoires), que l'on se forme une règle et bientôt une éthique. Si l'on a peur d'être incohérent, on ne laissera jamais que sa place à un vieux dans un bus.
Homlett
7
Écrit par

Créée

le 2 févr. 2011

Critique lue 1.3K fois

18 j'aime

Homlett

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

18

D'autres avis sur Les gens bien

Les gens bien
Zyppi
8

Critique de Les gens bien par Zyppi

Le début fait un peu peur, pendant la première demi-heure, on se demande si on n'est pas tombé dans le merveilleux monde des Bisounours. C'est empli de naïveté, de compassion et de mièvrerie. Puis...

le 5 avr. 2011

1 j'aime

Les gens bien
bavmorda
7

Critique de Les gens bien par bavmorda

Une des premières raisons d'aider les autres est de se voir et se montrer sous un jour meilleur. C'est ce que démontre assez bien ce film. Il y a un monde entre recueillir una ragazza qu'on imagine...

le 21 févr. 2011

1 j'aime

Les gens bien
K1000
8

Parenthèse (dés)enchantée

A l'instar de Mike Leigh dans son terriblement ennuyeux Antoher Year, Ivano de Matteo reprend le thème de la compassion au sein d'un couple d'Italiens aisés. Sauf que, Ivano de Matteo n'est pas Mike...

le 17 févr. 2011

1 j'aime

Du même critique

Ninotchka
Homlett
9

« Ninotchka » : blanc bonnet, bonnet rouge.

Lubitsch réalise Ninotchka après un voyage à Moscou en 1936, où il retrouve le cinéaste communiste allemand Gustav von Wagenheim ayant fuit l'Allemagne nazi en 1933. Wagenheim avait été l'élève, avec...

le 3 janv. 2011

41 j'aime

13

The Chaser
Homlett
8

Critique de The Chaser par Homlett

Avec "The Chaser", nous avons droit à un thriller efficace de la trempe d'un des chefs-d'oeuvre du genre, à savoir Se7en (1995) de David Fincher, dont on retrouve quelques références :

le 1 nov. 2010

24 j'aime

Dans ses yeux
Homlett
8

Critique de Dans ses yeux par Homlett

Une chose à laquelle s'accordera (presque) tous, c'est que ce film est remarquable. D'abord, dans la forme : L'ouverture du film est une petite trouvaille scénaristique (qui se déploie tout du long)...

le 2 févr. 2011

23 j'aime

4