Dans le préambule de chacun des trois volets des 1001 et une nuits, apparaît un carton sans équivoque :
"Les histoires, personnages et lieux dont va nous parler Shéhérazade, ont trouvé leur forme fictionnelle à partir de faits survenus au Portugal entre les mois d’août 2013 et juillet 2014.
Pendant cette période, le pays a été l’otage d’un programme d’austérité, exécuté par un gouvernement apparemment dépourvu du sens de la justice sociale.
Par conséquent, presque tous les Portugais se sont appauvris."
Miguel Gomes reconnu internationalement pour son cinéma formaliste (voir le magnifique Tabou, son film précédent) ferait-il un cinéma militant ? À l’heure où la Grèce se débat avec ses créanciers et la gauche connaît une crise identitaire, où porter le fer ?
Ken loch, dans son dernier film Jimmy Hall, revient à l’origine des combats. Il raconte l’histoire vraie de Jimmy qui rentre en 1932 dans sa campagne profonde irlandaise, après 10 ans d’exil aux États-Unis. Quand les jeunes du village le sollicite pour rouvrir la salle de bal, il hésite puis accepte. Ce qui provoque la colère de l’église et des conservateurs. Ken Loach orchestre une opposition simpliste entre les progressistes épicuriens et les réactionnaires religieux. Les réactionnaires religieux se sont les méchants, ils grognent quand ils parlent. Il fait son film comme on ouvre l’armoire des trophées, pour admirer ses succès passés. La complexité actuelle est éteinte. Le message est martelé et bien fort, y a qu’a lutter pour ces droits et rouvrir les salles de bal avec les jeunes qui rigolent. Ce film est une petite notice pour conquérir sa liberté, en deux temps, trois mouvements, comme dans le passé.
Gomes lui, se frotte à la question. Comment être un cinéaste de gauche ? Comment parler de la société ? Pour y répondre, il a mis au point un dispositif qui allie à la fois conte et fait divers, universel et particulier, macro et micro. Cette adaptation très libre des "1001 nuits" se passe de nos jours au Portugal. Il a dépêché aux quatre coins du Portugal,
des journalistes pour lui rapporter les faits divers, qui vont nourrir son film.
Dans ses trois opus "les 1001 nuits" est un pavé poétique lancé dans la mare morose contemporaine. Gomes enchevêtre le quotidien avec le baroque et le factieux.


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Limaginarium
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le 1 mars 2016

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