Les Sacrifiés
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Les Sacrifiés

Film de John Ford (1945)

Support: Bluray


Ça y est, ma première déception chez John Ford.


Soit je n’étais pas concentré, soit le film demandait une préconnaissance du théâtre des Philippines, mais quoi qu’il en soit j’avais bien du mal à suivre les enjeux du récit sans me référer au résumé Wikipedia. Ce ne sont clairement pas les meilleures conditions pour s’immerger et apprécier un film, mais les 2h15 m’ont paru bien longues dans cette succession de scènes où je n’étais nullement investi.


Sans doute que cet aspect décousu est volontaire et prend racine dans la véracité assumée des événements narrés. Sans doute également qu’un tournage en 1943 et une sortie en 1945 empêche tout recul sur lesdits événements, et sont les conséquences d’une précipitation dans la nature de commande du film, outil de propagande affirmé qui se doit d’attiser le sentiment patriote et le sens du devoir militaire.


Il y a pourtant de quoi s’intéresser au projet, outre son illustre réalisateur (remplacé au pied levé par un de ses acteurs, Robert Montgomery, suite à une jambe cassée pour Ford). On y trouve un John Wayne encore svelte et dynamique. On y perçoit une histoire de déroute inévitable et donc une résistance jusqu’au bout dans un élan sacrificiel où les dernières joies de la vie sont pleinement appréciées (ici un bal de la dernière chance, là le dîner avec Sandy et les chanteurs sous le parquet).


Mais ces froufrous n’évitent pas les affres du genre pamphlétaire. On grincera devant l’évidente construction du culte de la personnalité de Douglas McArthur que l’on déifie en louant les cieux, idolâtre en lui faisant signer des autographes, et intègre au roman national par l’irruption du Star Spangled-Banner. Non pas que j’ai un grief contre le personnage (les controverses qui l’entoure semblent légères en comparaison de la lucidité de sa vision sur le futur du monde et son rejet des théories de supériorité de la race blanche), mais il n’est jamais bon de verser dans un tel absolutisme.


On n’évitera pas non plus un certain vieillissement formel (ses scènes d’action, sans doute spectaculaires à l’époque mais certainement datées et donc sans grand effet aujourd’hui) ou culturel (à l’époque, être un muffle avec les femmes semble être la garantie de les faire chavirer).


Finalement, un peu comme ces soldats perdus à l’autre bout du monde sans possibilité de voir les renforts arriver, je me suis retrouvé avec beaucoup d’attente et une envie d’en finir.


Frakkazak

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