Les Sœurs fâchées par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Martine est une femme de 38 ans, élégante, un peu hautaine et très distinguée fréquentant le milieu de la haute bourgeoisie parisienne. On lui rappelle, à son grand supplice, qu'elle doit aller attendre à la gare Montparnasse sa sœur Louise, sa cadette, charmante esthéticienne vivant au Mans.
Celle-ci est d'une franchise implacable et d'un naturel très prononcé bref, tout le contraire de Martine. Le gros problème est que Louise doit en fait s'installer durant trois jours chez Martine, juste le temps de présenter aux éditeurs un roman. Cet évènement peut être un tournant important dans la vie de cette jeune femme d'une grande simplicité...


Les deux frangines vont donc cohabiter de manière conflictuelle en raison de leur différence. En effet, Louise possède dans son caractère et son attitude tout ce que n'a pas Martine, snob et sophistiquée à souhait. Celle-ci, exaspérée devient d'une jalousie maladive envers sa sœur, d'autant plus que la petite provinciale au premier abord tr-s empruntée polarise le regard et l'intérêt des amis de Martine et obtient un certain succès pour son roman auprès d'un grand éditeur. L'existence dorée de la sœur aînée s'écroule alors irrémédiablement.


Voici un nouveau premier film que je défends avec enthousiasme, en effet, le sujet que nous présente Alexandra Leclère est d'une originalité et parfois d'un cynisme fort bien venu dans cet affrontement entre deux femmes aux personnalités complètement opposées. D'un côté, on retrouve la vie simple avec une joie de vivre naturelle, de l'autre une existence bourgeoise, rigide , empreinte de contraintes et de snobisme. Tout est donc très tranché dans cette réalisation si ce n'est que l'étude des personnages et de leur environnement est traitée avec beaucoup de psychologie et sans complaisance par la réalisatrice. Alexandra Leclère doit également être saluée pour les dialogues percutants et acerbes qu'elle nous livre à notre plus grande joie.


Et puis, rendons hommage à nos deux comparses Isabelle Huppert, mal dans sa peau malgré les apparences, vacharde, malheureuse et touchante et Catherine Frot, d'une naïveté et d'un naturel touchant. Elles nous livrent toutes deux de grands numéros d'actrices dignes de leur immense talent. Elles sont fort brillamment entourées notamment par François Berléand, Brigitte Catillon et Michel Vuillermoz. Je voudrais signaler la musique de Philippe Sarde, l'un de nos meilleurs compositeurs de films.


Ne boudez pas votre plaisir en découvrant cet excellent film qui mérite amplement son appréciable succès à sa sortie auprès du public.

Grard-Rocher
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le 19 mai 2013

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