Mais pourquoi...

... lorsque je vois ces personnages, ne puis-je m'empêcher de voir d'autres personnages créé par un dessinateur underground américain, mort quelques mois avant la sortie de ce film ?

Il ne s'agit pas de faire la critique du contenu du film qui reste basiquement une opposition bien/mal très manichéenne, ni même sur son esthétique qui va du bâclé au collage sans queue ni tête, en sautant allègrement d'une technique à l'autre sans se soucier de la moindre cohérence plastique. Je ne suis même pas sûr que le tirage couleur soit homogène. Chose qui a l'époque ne choquait personne vu qu'entre le pop' art, Fluxus, Cobra, les Nouveaux réaliste, la Figuration Narrative, la Figuration Libre, les premiers Nouveaux Sauvages et compagnie, l'air du temps était au saccage méthodique des arts plastiques en général et du dessin en particulier. N'oublions pas qu'en France, décalquer des silhouettes de personnages pour les agrandir et les colorier (mal) était alors considéré comme le summum de la création artistique.

Non (pour en revenir à mon introduction), ce que je vois chaque fois que je pose les yeux sur des photos "de plateau" du film, sur l'affiche même qui est visible dans le coin de la critique, ce sont des allusions fortes à des créations originales d'un des deux ou trois dessinateurs américains issus de la mouvance underground, (trois voire quatre, si on considère Gilbert Shelton et son ombre Dave Sheridan comme des graphistes corrects, et même cinq avec Crumb - auquel, Bashki a aussi rendu hommage).

Sur l'affiche, ce personnage habillé de rouge, à cheval sur une sorte de dindon mutant, qui est nommé Nekkron 99, je le vois comme un hommage non dissimulé au Cobalt 60 de Vaughn Bodé. Le titre même du film et le personnage du sorcier avec son bonnet étoilé, c'est Cheech Wizard, autre personnage de Vaughn Bodé. La nymphette replète, on la retrouve aussi à tous les coins de pages de Vaughn Bodé souvent en dialogue avec des nués de lézards très très bêtes (là, à moins que ce soit un thème partagé par pure coïncidence, c'est Vaughn Bodé qui rend hommage à Jim Morrison et aux Doors). Quand au thème de la seconde guerre mondiale et aux lézards déguisés en soldats nazis, on les retrouve aussi dans quelques unes de parutions de Vaughn Bodé comme Junkwaffel. Une googlisation avec les mots "Deadbone,Junkwaffel,schizophrenia" permet de se rendre compte que l'hommage est connu et reconnu par de nombreux fans de par le monde.

Voilà, c'est dit.