Liebelei
7.1
Liebelei

Film de Max Ophüls (1933)

Adoucir les coups de théâtre et les rendre pareils au souffle quotidien

Revu sur écran ordinateur 29.09.2018
Tant la mise en scène est parfaite et décente, placée au bon endroit, je n'ai même pas vu (à la deuxième vision!) le couvre-chef que Christl a gardé dans ses mains par inadvertance... avant qu'elle ne le voie elle-même dans ses mains.


2 décembre 2015:
Une réplique qui vaut bien celle célèbre du Plaisir : "Je l'ai protégée de tous les dangers... et aussi de tous les bonheurs." - Deux tombes signalées par la petite croix supérieure enneigée des sapins. - Une mise en scène et une direction d'acteurs d'une finesse, d'une invention sidérantes qui ne baisse jamais ses yeux amoureux sur les êtres qu'il saisit en mouvement : Mizzi et ses fossettes avec son chocolat sur le nez pour cause d'écoute aux portes, par ex.; la visite de Fritz (Lobheimer) chez le père de Christine, absente, par ex. [jeu, mise en scène, dialogues !!!], le monologue bouleversant de Magda Schneider, tout en retenue et sous l'hypnose de la douleur extrême devinant elle-même la mort de l'amant qu'elle a à peine connu et connu de toute éternité - l'espace fait à la musique, à la danse, à la respiration des êtres et de leurs émotions !!! Des situations amenées avec une finesse et une concentration de timide passionné où l'on sent le souci de remplacer le coup de théâtre par la caresse tragique du destin, de noyer l'événement dans le flux des choses imperceptibles mais de rendre perceptible le flux en retour, d'où ces mouvements déjà qui sont ici, pour des raisons techniques, esquissés, désirés. Et au bout du compte, cette tristesse douce qui rend humble ou cette humilité qui rend triste peut-être, mais vivant au monde. Et lorsque les personnages sont "secondaires", c'est qu'on peut vivre déjà un ou deux films en eux, le père, la baronne, etc... On ne se contente pas d'un film chez Ophüls, ni d'une vie de cinéma, tout y passe : la mort et la vraie vie, autant de films que de personnages, autant de vies et pour chacunes les cicatrices de moments de bonheur arrachés à l'oubli, ces éclats qui restent dans les yeux des vivants et qui passent même parfois d'une mère à sa fille, d'une Magda à une Romy...

JM2LA
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de Max Ophüls

Créée

le 1 déc. 2015

Critique lue 380 fois

2 j'aime

JM2LA

Écrit par

Critique lue 380 fois

2

D'autres avis sur Liebelei

Liebelei
ghyom
7

Critique de Liebelei par ghyom

Pour mon premier Ophuls j'ai choisi celui qui l'a fait connaitre. Celui qui est considéré comme son meilleur film allemand avant qu'il ne fuie l'année suivante le nazisme au pouvoir. Disons le tout...

le 11 août 2014

3 j'aime

4

Liebelei
JM2LA
9

Adoucir les coups de théâtre et les rendre pareils au souffle quotidien

Revu sur écran ordinateur 29.09.2018 Tant la mise en scène est parfaite et décente, placée au bon endroit, je n'ai même pas vu (à la deuxième vision!) le couvre-chef que Christl a gardé dans ses...

le 1 déc. 2015

2 j'aime

Liebelei
anthonyplu
7

Critique de Liebelei par anthonyplu

(découvert en 2007, en VHS après presque 10 ans d'attente fantasmée) Je ne suis pas déçu (même si pour une curieuse raison, je m'imaginai proche du lyrisme de l'Aurore ), ce qui surprend c'est...

le 24 avr. 2020

Du même critique

Le ciel est à vous
JM2LA
10

Le plus pur chant du cinéma occupé

Revu récemment le 6 juillet 2011 sur écran d'ordinateur mais surtout le 18 et le 20 mai 2014, en salle. Toute la grandeur du film ne m'est apparue d'ailleurs que sur grand écran... en projection...

le 12 sept. 2015

12 j'aime

Le Plein de super
JM2LA
9

Critique de Le Plein de super par JM2LA

Film masculin au possible, proche de la grossièreté souvent et pourtant porté par la grâce du jeu... Cavalier réussit un pari unique, celui d'une collaboration étroite avec ses acteurs qui, si mes...

le 2 oct. 2015

11 j'aime

Le Fils de Joseph
JM2LA
9

La main de la comédie a retenu celle de la tragédie : miracle. Et le style a suivi la main.

La vraie comédie est-elle évangélique ? C'est ce que semble prouver (ou vouloir montrer) le Fils de Joseph. En quoi ? En résistant à l'appel du meurtre, du règlement de compte. Comment ? Au lieu de...

le 8 mars 2016

10 j'aime

1