Pour son passage dans le cinéma hollywoodien, le réalisateur suédois Daniel Espinosa est passé par divers genres, switchant entre le film d’action (Sécurité rapprochée) et le thriller historique (Enfant 44). Cette fois-ci, il s’attaque à un genre délaissé au rang de la série B bas de gamme depuis que la franchise Alien s’est permis une pause (jusqu’au futur Alien : Covenant) : la science-fiction horrifique. Celle qui voit un petit groupe de personnes enfermé dans un endroit isolé, avec une méchante bestiole les décimant un par un. Jusque-là, le cinéaste s’était surtout démarqué pour l’efficacité de sa mise en scène, à défaut de proposer du renouveau à chacune de ses réalisations américaines. Saura-t-il surprendre avec un type de divertissement bien spécifique, qui a justement besoin de fraîcheur pour se relancer auprès du grand public ? Bien que la réponse soit non question originalité, Life se présente à nous sous une bonne étoile !


Rien qu’avec les diverses bandes-annonces, il était à prévoir que le long-métrage n’allait rien réinventer en la matière. En effet, on y retrouve le même schéma scénaristique qu'à l'accoutumée, à savoir la découverte d’une nouvelle forme de vie qui va massacrer au fur et à mesure l’équipage d’une station spatiale. Sans compter que le tout pioche la majorité de ses idées – aussi bien en termes de scénario que de mise en scène – chez Alien premier du nom, allant jusqu’à proposer certaines similarités avec son modèle. Sans compter que, comparer à ce dernier, Life met de côté tout ce qu’il y a de complexité narrative et d’angoisse pure (la peur de l’inconnu, essentiellement) pour se concentrer exclusivement sur le spectacle. Laissant ainsi sur le banc de touche quelques pistes scénaristiques pourtant alléchantes (les origines martiennes de la créature, le fait que l’un des personnages soit resté trop longtemps dans l’espace avec des effets secondaires…). Non, il est clair que question écriture, Life ne se permet pas grand-chose de neuf, au risque de faire fuir le spectateur le plus difficile. Pourtant, celui-ci loupera un divertissement de bonne facture qui va directement à l’essentiel.


Car outre ses carences scénaristiques et sa (trop) forte ressemblance avec Alien, Life reste dans la simplicité pour en ressortir plus efficace que la moyenne. Si l’ensemble sent le déjà-vu à plein nez, il parvient à vous accrocher de la première jusqu’à la dernière minute. Notamment via des personnages très attachants et interprétés avec savoir-faire. Une créature sortant de l’ordinaire en termes de design et tout aussi vicieuse qu’un xénomorphe. Des séquences d’action ne chutant jamais dans l’irréalisable et se montrant crédible en tout point (contrairement au récent Passengers). Des effets spéciaux suffisamment convaincants pour prendre l’entreprise au sérieux. Et même un dénouement qui en surprendra plus d’un, surtout dans ce genre de productions hollywoodiennes (comme si, reprenant Alien jusqu’au bout, Life lui rendait hommage en réalisant une simili fin alternative à la base prévue pour le film de Ridley Scott). Bref, tout ce qu’il faut pour passer un agréable moment, sans se soucier une seule secondes des défauts du projet.


D’autant plus qu’avec sa mise en scène, Daniel Espinosa nous livre un divertissement qui ne vous laissera pas indifférents lors de son visionnage. Même si Life ne parvient pas à retrouver la puissance horrifique d’Alien (créature beaucoup trop visible à l’écran, par exemple), le long-métrage sait se montrer tendu au plus haut point. Il y a certes quelques jump scares un peu faciles pour faire sauter le spectateur de son fauteuil, mais bien plus de moments stressants pour tenir en haleine de bout en bout. Cela se traduit principalement par une ambiance savamment maîtrisée, une bande son aux petits oignons (très bon travail de la part du compositeur Jon Ekstrand) et une caméra sachant filmer ce qu’il faut au bon moment. Life ne fera sans doute pas peur au point de vous faire cauchemarder, mais il saura vous mettre sur les nerfs plus d’une fois. Vous fera mordre les doigts en attendant qu’il se produise quelque chose à l’écran. Vous mettra à rude épreuve avec une bestiole pouvant surgir de n’importe où.


Sans doute pas le film qui saura renouveler le genre de la science-fiction horrifique, ni le divertissement hollywoodien le plus marquant du moment. Juste un long-métrage sans aucune prétention qui parvient à remplir son cahier des charges avec beaucoup d’aisance et de savoir-faire. Se présentant pour le coup comme 1h40 de pure tension. Un produit de studios ne prenant nullement le public pour un imbécile et relançant un genre n’ayant brillé que par Alien (et également The Thing, pour avoir les pieds sur Terre). D’ailleurs, Life peut se voir comme un avant-goût au prochain opus de la célèbre franchise, qui débarquera sur nos écrans d’ici peu.

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