Lily la tigresse est, a priori, le premier détournement de film de l'histoire du cinéma. Comme tout précurseur, il invente une recette (d'œufs en salade) et les films suivants utiliseront les mêmes ingrédients de base : un humour absurde amplifié par le décalage entre le son et l'image, le jeu avec le quatrième mur, un développement à la limite du compréhensible, des running gags ("poulet basquaise !"), un doublage quasi-crédible. De ce point de vue, le film est réussi et la plupart des scènes sont franchement désopilantes. Mais comme tout précurseur, Lily la tigresse tombe facilement dans des travers que les films suivants éviteront. En fait, c'est comme si Woody Allen n'avait pas pris toute la mesure de son invention, qu'il peine à prendre au sérieux. Les transgressions au quatrième mur sont si nombreuses qu'elles en deviennent parasitaires (le cheveu sur la bobine), les remplissages sont barbants (le groupe de musique), certaines scènes beaucoup trop proches du film d'origine sans valeur ajoutée. Ces défauts objectifs soulignent la qualité de films ultérieurs du même genre, au premier rang desquels La classe américaine près de 30 ans plus tard.

Samji
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le 21 janv. 2024

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