And the show must go on!

      Jusqu’où irez-vous pour gagner  5 millions de dollars ? La phrase d’accroche est nulle. L’affiche est racoleuse. Eva Mendès, un colt 45 à la main, avec le doigt sur la gâchette. Le canon effleure sa tempe, et si elle éternue, elle peut se prendre une balle en pleine tête. Watch out ! Live ! est une satire féroce du business, et de la télé poubelle. Le film a même l’air d’être une production faîte pour la télé. Il y a moins de moyens que dans un vrai blockbuster qui se la jouerait, toujours plus haut, toujours plus fort. Que va inventer la télé pour doper son audimat ? Une équipe de « cerveaux » se creuse la tête dans les bureaux, et quelqu’un lance comme ça, une connerie : « Les gens seraient près à jouer à la roulette russe, si on leur demandait ». Le concept est lancé. C’était une blague, voilà la blague transformée en concept.

   Maintenant le plus dur. Comment faire avaler la pilule à la direction de la chaîne ? Eva Mendès c’est  Alexia Laroche-Joubert avec des dents encore plus longues. Elle raye carrément le parquet, et met le paquet. Elle y croit, et fera tout pour faire aboutir ce projet. Nous sommes à la télé. Ce qui semble fou au départ, deviendra logique à l’arrivée. Elle a trouvée le projet  de sa vie. Elle veut marquer l’histoire de la télévision.

    Ce film, je trouve qu’il a un charme fou. Le glamour d’Eva, toute la boue qu’elle remue, le cynisme, et le filmage clipesque, et du toujours plus chic-glauque. Plus ça devient dingue, plus le film devient divertissant. La réalisation mi-téléréalité, mi-food footage. Certaines personnes prennent ce film très au sérieux ; tellement que ça fait peur. Or, les obstacles placés devant Eva, tombent avec une telle facilité, que c’est évident que c’est une satire, non ? Enfin, je crois. On ne peut donc pas faire un sujet à la fois sérieux, et complètement farce ? Arrêtons de faire la fine bouche. Tout est là. Le casting est de qualité, les acteurs sont impliqués, et ils jouent réalistes. On y croit. La narration très second degré, et les gens des médias qui sont tout le temps tournés en ridicule, ça se voit que c’est à charge. Avec humour, avec légèreté, et c’est ça qui me plaît. C’est très fun. On tire à blanc sur les médias. Et il connaît le milieu, le gars qui a filmé ça. Le processus de création d’un programme en prime time. Comment gérer l’ego des avocats, le CSA américain, le téléspectateur. Tous cons, et sérieux dans leur bêtise qu’on a envie d’y croire aussi. Coup de chapeau à Guttentag. Du luxe pour victimes de la mode. Du faux luxe, du skaï pour consommateurs fauchés. Eva c’est une gagneuse. Tous les moyens sont bons. Elle reflète notre société, et son obsession de la réussite par un coup, médiatique ou autre, qui va rapporter gloire et fortune. Son boss (P. M. Glaser/ Starsky ancienne star de la télé), attend un faux pas pour la virer. Les joueurs eux, risqueront leur vie, contre 5 millions de $. Qui veut essayer ? C’est facile. Il suffit de s’inscrire.

   Enfin un vrai jeu, où on risque tout. Avec cette manie de pousser les limites, il est évident que la télé va arriver un jour à ça. On l’a déjà traité au ciné, ce sujet qui fâche, celui de la mort en direct. Aucune émission de télé n’a encore osée passer de la fiction à la réalité, mais ce n’est qu’une question de temps. Robert Rodriguez a financé El Mariachi en servant de cobaye à l’industrie pharmaceutique. Il aurait gagné 5000 $. Certains vendent un rein, pour s’en sortir. D’autres s’engagent comme mercenaires. La mort dont on parle jamais dans nos sociétés volontairement aseptisées refait surface.

   Va-t’elle y arriver ou pas, Eva ? Le thriller n’est qu’apparent. On ne doute pas un instant du succès. Les plus tordus des spectateurs n’espèrent que ça, bien calés dans leurs fauteuils. Pour la beauté du geste. Détail important. Tous ceux qui ont des mauvais antécédents sont écartés du jeu. Les dépressifs, gothiques, suicidaires, déséquilibrés mentaux, tous soigneusement écartés. On veut du spectacle, pas du pathétique. LOL. Seulement ceux qui ont réellement quelque chose à perdre, pourront participer. Une famille aimante, un boulot, une passion, des projets. Bons candidats. Ça se voit que c’est pour rire quand même !  Et évidemment, on aura droit au voyeurisme classique téléréalité. Présentation des proches, interview, compte à rebours. Et arrive le grand jour. Tout le monde est réunit au pavillon Baltard, pour le show final. La ferme célébrités, en beaucoup plus intéressant. Action!

   6 idiots qui pensent que la vie est un jeu vidéo, sont debout  sur un plateau télé en live. Le public (d’idiots) applaudit, l’argent rentre, tout va bien. 6 contre 1. Dans le canon du colt 45, le représentant de la NRA, a mis une balle en argent. Le compte à rebours commence. La vie est un jeu.

( ?) Un écrivain black, qui veut financer son premier livre.

( ?) Un jeune blanc-bec adepte de sport extrêmes.

( ?) Abalone, un ancien mannequin vedette, devenue artiste performer

( ?) Le latino de service.

( ?)L a blonde écervelée de service.

( ?) Le fermier qui veut gagner l’argent pour payer l’opération de son fils malade. Et c’est parti. C’est  présenté par le Julien Lepers local. Et ne vous battez pas, se sera chacun son tour. On se retrouve pour plus de Live ! après une petite page de publicité.

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    Alors savoir lequel de ces idiots va ressortir les pieds devant, je m’en foutais. Mais à la longue, on se prend au jeu. A chaque spectateur son préféré. Mon préféré c’est Abalone, l’artiste. Je suis à peu près sûr qu’elle va faire un truc... Outre la référence à Milgram, outre la déclinaison snuff movie, série Z gore. Outre ça, tous ceux qui comme moi s’intéressent aux médias, se sont demandés si un jour on n’arriverait pas au jeu le plus extrême qui soit. Moi, depuis la Star Ac, je sais que le ver est dans le fruit. Un Kho Lanta survival, chasse à l’homme. On tourne autour, on va y arriver. Hostel donne une idée de ce que ça peut donner, dans un genre encore plus crû. Ici, ça reste comédie dramatique. On est dégagé de toute responsabilité, à partir du moment où le spectateur paye, on peut consommer le produit. Plus on paye cher (risquer sa vie), plus les images sont fortes. Deux pôles, même principe. Et j’attendais la fin de Live ! Pour voir s’il osait aller au bout de son idée. Et heureusement, il  n’y a pas de happy end foireux. The show must go on. Live!