Savoir raccrocher les griffes.

De tous les personnages des comics X-Men, Logan alias Wolverine est probablement le personnage le plus emblématique. Le mutant doté de griffe en adamantium, qui a été victime toute sa longue vie de son pouvoir de guérison hors du commun le rendant quasi-immortel revient donc pour un dernier tour de piste. Et oui, c'est avec ce dernier film que Hugh Jackman raccroche le costume de son rôle mythique qu'il a porté pendant presque 20 ans. Logan est probablement le film le plus attendu par les fans de la saga: de nombreuses promesses ont été faites concernant ce film comme le fait que l'on verrait enfin la violence de ce personnage culte. Rien que pour cela, le film se devait de réussir. Les deux aventures précédentes du mutant n'étant pas vraiment à la hauteur du potentiel d'un tel personnage.

D'emblée, une chose saute aux yeux: ce film n'a rien à voir avec ce qui a été fait jusqu'à présent en matière de X-Men. Le film joue sur une palette de couleur inédite pour la saga et cela à vraiment son importance. Cette palette mélangeant le orange, l'ocre et le noir rappelle l'âge d'or du western hollywoodien. Beaucoup ont qualifié le film de western crépusculaire et je suis d'accord avec cette idée. Logan emprunte sur plusieurs points, les codes du western: en voici quelques exemples: la grande traversée, la logique nord/sud, le méchant, les courses-poursuites. Beaucoup ont qualifié ce film de meilleur film sur les mutants: c'est absolument vrai: dans un sens, Logan est un peu le film anti-héroïque par excellence puisqu'il n'y a pas vraiment de menace planétaire. Il est relativement intimiste.

Comme je le disais en préambule, le film ne fait pas dans la dentelle: toutes les personnes ayant rêver de voir Logan couper des membres, trancher des têtes et crier de rage seront servi: Logan est hyper-violent, sanglant et clairement pas pour les enfants. Nous avons enfin la version ultime du personnage. Paradoxe: c'est le dernier film. Comme quoi, on garde le meilleur pour la fin. Ce qui est intéressant quand on parle de cette violence, c'est de constater que ce n'est pas forcément Wolvie le plus violent. Dans un sens, c'est bien, une nouvelle fois, les humains qui font preuve du plus grand sadisme: de ce point de vue-là, ce film se rapproche beaucoup de la trilogie originale, comme une volonté de fermer la boucle. Autre fait intéressant, le personnage de Laura: c'est le personnage le plus violent du film: une sorte de mini-Wolverine sans aucun contrôle.

La relation entre Logan et Laura est vraiment au cœur de la réussite du film: dans un premier temps, on comprend vite que si lui ne veut rien savoir sur elle, ce n'est pas parce qu'il s'en fout, mais bien parce qu'il a peur. Il n'a pas peur d'elle mais peur de ce qu'elle représente: Laura représente en quelque sorte, un miroir sur le passé pour Logan, elle lui rappelle sans cesse d'où elle vient, c'est lui aussi, une expérience scientifique. Mais, bien malgré lui, il va devoir prendre cette petite boule de violence avec lui. On voit ici une profonde modification du personnage: il n'est plus le téméraire et fougueux Logan. Il est devenu une figure paternel, un model pour cette petite fille. Tout le film tourne autour de l'idée que Logan arrive au bout de son voyage: il se prouve à lui-même, qu'il n'est plus la bête sauvage que Stryker voyait en lui, il est le plus respectable des pères pour Laura.

Pour exprimer au mieux cette relation entre les deux personnages, il fallait trouver une jeune actrice capable de tenir face au charisme de Hugh Jackman car quoiqu'en pense les critiques, il est vraiment génial comme acteur. C'est donc, après un casting éprouvant, que la jeune Dafnee Keen a été choisie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela est un choix judicieux. Cette petite dégage une puissance de jeu vraiment impressionnante. Elle qui n'avait jamais joué dans un film (il me semble), elle met tout le monde d'accord. Surtout dans les scènes d'actions où elle atteint un niveau remarquable. Le duo formé fonctionne parfaitement.

Logan est l'aboutissement de 20 ans de travail sur des comics qui ont marqué toute une génération. Violent; sombre, crépusculaire, ce film de super-héros ne ressemble à aucun autre. Le film emprunte clairement au western sur de nombreux points, on peut parler d'hybridité générique: c'est en quelque sorte un western moderne que nous offre James Mangold. Hugh Jackman offre ici sa meilleure performance dans le rôle, touchante, bestiale et émouvante, le géant australien quitte ce rôle et restera à jamais dans mon coeur, le seul Wolverine.