Présentons les choses comme elles le sont, aussi franchement que nécessaire, nous avons affaire ici ─ et enfin ─ à un vrai film, très éloigné du traitement de la franchise X-Men. Exit la surenchère de CGI, d'explosions, de pouvoirs, tout ce qui pouvait servir à combler les vides scénaristiques des autres épisodes de la saga. Non, ici, il n'est pas nécessaire de combler le vide tant ils sont important et servent le propos de James Mangold à la perfection.


Dès les première images, dès les premières notes de la partition de Marco Beltrami, quelque chose est différent, quelque chose est plus sombre, plus triste, plus lourd et aussi plus violent. Certainement l'image de ce fardeau que doit porter notre ami Logan, revenu à la vie civile sous son véritable nom, James Howlett, plus marqué et affaibli que jamais. Parce que, le propos du film ne réside pas essentiellement dans la dégradation physique du héro, mais aussi et surtout, sur l'altération psychologique causée par de trop longues années de solitude, par beaucoup trop de pertes humaines qui font écho aujourd'hui à cette terrible perte d'espoir et de combativité du protagoniste principal.


Les personnages, dans cet opus, ne souffrent pas de négligence. Nous y découvrons des aspects de chacun que nous ne soupçonnions pas. Un Charles Xavier irritable et vulgaire, frisant la démence, un Logan qui parvient difficilement à contenir ses émotions, sa tristesse, presque une envie de s'ouvrir, un regret d'avoir passé tant d'années renfermé dans une sévérité qu'il s'imposait, pour peut-être paraître plus fort. Ici, le lien entre Logan et Xavier est marqué, le genre de lien, d'amitié, qui ne souffrira jamais du doute de pouvoir être ou pas abandonné !


Il y a quelque chose de plus dans ce film qui, pour moi, s'apparente plus à un Western futuriste qu'à un film de super-héro. D'ailleurs, le soundtrack fait référence de façon non dissimulée à ces bandes-originales de "films de cowboys", ce qui, de façon très personnelle, n'a fait que renforcer la ressemblance que je trouve à Hugh Jackman avec Clint Eastwood, ressemblance qui existe également dans ce type de personnage que ces deux comédiens peuvent incarner, des personnages solitaires, taciturnes, soumis à une certaine souffrance, à des pertes ─ je pense notamment au film Impitoyable, entre autres ─ tout ce qui fait qu'ils n'ont finalement plus rien à perdre, si ce n'est tout à gagner : la délivrance.


Au-delà de la relation entre les personnages incarnés par Patrick Stewart et Hugh Jackman, il y a aussi l'importance du lien qui va unir Logan et Laura (aka X-23), jeune mutante ressemblant en tout point à celui qui ne se fait plus appeler Wolverine. Dans tout cet enchevêtrement de liens tissés tout au long de ce film ─ je pense également au personnage de Caliban qui alimente un autre niveau relationnel avec Logan et Xavier, bien que plus superficiel ─ c'est surtout une idée qui née, celle de l'espoir, l'espoir apporté par cette "famille" recomposée, l'espoir offert par le soutien, l'intérêt mutuel que chacun peut se porter.


C'est en ce sens que ce film est une réussite, il puise sa force dans ce que l'on n'attendait pas de la part d'un personnage que l'on voyait jusqu'ici comme quelqu'un de définitivement irascible et fermé. Cet opus se construit essentiellement sur cet outil invisible, cette force qui peut ou non unir des personnes. Est-ce que l'on peut parler d'amour, quelque soit la forme qu'il emprunte ? Je crois, oui.
Bien sûr, il y a aussi des rivaux, avec son grand méchant ─ et des éléments beaucoup plus inattendus ─ qui essaient à tout prix de détruire cet amour, cet espoir, parce que finalement, de façon moins exagérée, dans la vie, il y aura toujours un grain de sable dans les rouages qui nous forcera à nous adapter à telle ou telle situation, mais ici, cette rivalité n'est pas gratuite, elle vient servir un propos plus humain, plus profond, elle vient servir des personnages, voire même révéler des personnalités, parce que Logan ─ le film à proprement parler ─ est un film terriblement humain, avec ses plaies, ses failles, ses désillusions mais aussi ses espoirs.


Le personnage de Logan apparaît ici, plus complexe que jamais, avec une profondeur encore inexplorée jusque là, sa quête intérieure maladroitement masquée, ses souffrances à peine dissimulées, et le tout, servi par de très bon jeux d'acteur ─ un excellent et très touchant Patrick Stewart notamment ─ mais également servi par une très belle mise en scène, souvent intimiste, tranchant avec de vastes décors semblant nous dire : "et aprés ?"


Logan se voit offert ici, un véritable second souffle. Dommage qu'il soit ─ en ce qui concerne cet arc narratif porté par Hugh Jackman ─ le dernier...

LudoDRodriguez
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 14 mars 2017

Critique lue 456 fois

Critique lue 456 fois

D'autres avis sur Logan

Logan
Marvellous
9

The Last Stand

Le troisième film d'une saga a toujours été sujet de problèmes du côté de la licence X-Men. X-Men : The Last Stand était catastrophique par rapport à ce que Bryan Singer avait fait avec les deux...

le 1 mars 2017

154 j'aime

24

Logan
Vnr-Herzog
8

Blood Father

Il y a définitivement quelque chose de troublant dans Logan, dixième film d'une franchise boiteuse et dont l'état de mort cérébrale a été prononcé déjà plusieurs fois. L'histoire se déroule dans un...

le 1 avr. 2017

152 j'aime

16

Logan
Chaosmos
8

A History of Violence

Après le fiasco X-Men Apocalypse, le poids sur les épaules de James Mangold n'en était que plus lourd à porter. Ce dernier se devant d'achever une trilogie mais surtout un cycle ayant initié il y a...

le 1 mars 2017

129 j'aime

17

Du même critique

Stranger Things
LudoDRodriguez
7

Stranger Things : Originalité Classique

Nous voilà face à une série dont le postulat de départ revêt une certaine fraicheur, paradoxalement au fait que, le sujet en lui-même ne fasse pas forcément preuve d’une originalité exemplaire. Ici,...

le 1 août 2016

4 j'aime

Interstellar
LudoDRodriguez
8

"Interstellar n'est pas un documentaire scientifique. C'est une fiction scientifiquement documentée"

Étonnamment, le film ne commet pas beaucoup d'erreurs scientifiques et cela réside dans le fait que la limite entre science et fiction est toujours palpable, comme si le scénario nous prévenait de...

le 19 mars 2015

4 j'aime

12

Iron Man 3
LudoDRodriguez
5

It's a Shane...

La bande annonce était épique, prometteuse, pleine de bonnes intentions et laissait présager le meilleur volet de la trilogie Iron Man. 'Première', assurait que le film ne pouvait pas faire pire que...

le 6 mai 2013

4 j'aime