Le chant du cygne tant espéré du mutant emblématique

Ça y est, c’est un moment que tant de fans redoutaient : Logan, le film qui voit Hugh Jackman faire ses adieux au rôle qui l’aura rendu célèbre et tenu pendant près de 17 ans, à savoir Wolverine, le mutant le plus apprécié de l’univers X-Men. Mais la tâche s’annonçait des plus ardues pour le réalisateur James Mangold, qui revient derrière la caméra après Wolverine : le Combat de l’Immortel. En effet, le cinéaste devait à tout prix réussir cet « au revoir » et ce malgré la qualité douteuse de la franchise exclusivement centrée sur le personnage éponyme (un fait qui concerne surtout X-Men Origins : Wolverine). D’autant plus que du côté de la saga principale, les choses se sont gâtées à cause d’un X-Men : Apocalypse pour le moins mitigé, et ce malgré la présence de Bryan Singer à la barre. Les choses n’étaient donc pas gagnées pour ce Logan, jusqu’à la première bande-annonce qui dévoilait un film différent au possible, voire très personnel. Un constat se confirmant avec le résultat final, qui témoigne de l’un des meilleurs films de la saga, rien que ça !


Après, le gros défaut que rencontre Logan n’est pas de son ressort. Et pour cause, le problème en question provient des autres films : la timeline (la chronologie). À force de suites, de spin-offs et de voyage dans le temps, la saga X-Men s’est enlisée dans les incohérences scénaristiques à tel point que bon nombre de spectateurs ont lâché l’affaire depuis belle lurette, n’arrivant plus à suivre le devenir des mutants. Et Logan n’échappe malheureusement pas à la règle : il est quasiment impossible de le situer dans la franchise. Concrètement, l’histoire se déroulerait bien après les événements de Days of Future Past et d’Apocalypse, vu que le futur qui nous est ici présenté est largement différent de l’époque où les Sentinelles exterminaient les mutants. Mais alors, pourquoi a-t-on droit à une évocation de la séquence sur la Statue de la Liberté (le premier X-Men), vu que la trilogie initiale est normalement « effacée »? Non, il est vraiment difficile de se situer. D’autant plus qu’un détail du scénario (que je tairai pour ne rien révéler) leur sortira de nulle part s’ils n’ont pas vu la scène post-générique d’Apocalypse. Il est donc évident que les plus difficiles passeront plus de temps à pester contre les incohérences plutôt que de savourer le spectacle qui s’offre à eux.


Car disons le d’office, Logan n’est pas un adieu au personnage de Wolverine, mais plutôt le chant de cygne d’un des super-héros les plus appréciés des comics. Un long-métrage pour lequel son interprète ultime, Hugh Jackman, et James Mangold ont eu carte blanche pour livrer le film dont ils voulaient. À savoir le portrait hautement travaillé d’une icône qui pousse celle-ci dans ses derniers retranchements (vieux, fatigué, alcoolique et perdant ses pouvoirs dont sa rapide cicatrisation). Un road movie aux airs de western (avec par moment un côté Mad Max) qui donne une toute autre ampleur à l’œuvre, moins spectaculaire pour plus de profondeur et de personnalité. D’ailleurs, contrairement aux autres films, celui-ci délaisse les séquences d’actions pour plus s’intéresser aux personnages. Il se permet même de présenter les deux facettes de Wolverine dans leurs derniers retranchements. D’un côté son aspect animal, représenté par des scènes de combat (enfin !!) violentes et hargneuses comme jamais. De l’autre une humanité délivrée certes par des instants émotionnels prenants, mais surtout un joli plaidoyer des comics dans l’ensemble, qui prennent ici leur place dans le récit. Accentuant le fait que le passé de Logan, à savoir sa période parmi les X-Men (et donc les films précédents), n’est qu’une légende qui n’a fait qu’exagérer les faits pour éblouir les gens. Et que ce qui nous ait livré avec ce film n’est rien d’autres que la réalité : une histoire simple et humaine. Il suffit de prendre le titre du film, qui s'attarde sur son prénom et non son pseudonyme de super-héros (qui plus est très peu évoqué dans l'intrigue), pour s'en rendre compte. Ainsi que le changement de caractère du Professeur Xavier : un homme sage qui devient ici un vieil aigri aux portes d'Alzheimer qui ronchonne sur n’importe qui. Cela provoque souvent le rire (notamment via ses discussions avec Logan) mais renforce surtout le côté humain de ses personnages que nous avons tant aimé depuis les débuts de la franchise.


Un fait que nous devons à l’exceptionnel travail de James Mangold, qui s’est pour le coup éloigner des codes hollywoodiens et de tout artifice propre aux blockbusters pour faire un long-métrage d’une simplicité et d’une efficacité redoutables. N’abusant pas des effets spéciaux et ne sonnant jamais faux. Ne se perdant pas dans une surdose de personnages qui aurait terni l’intrigue principale, comme ce fut le cas sur d’autres opus (L’Affrontement Final, X-Men Origins et Apocalypse entre autre). N’appuyant pratiquement pas sur le spectaculaire en se contentant de séquences d’action sur le papier banales (pas d’explosion, peu de pouvoirs à l’écran…) et de chansons à la Johnny Cash. Juste le savoir-faire d’un réalisateur talentueux et des interprètes au maximum de leur jeu. Si Hugh Jackman et Patrick Stewart sont bien évidemment les premiers concernés par cette remarque, ils sont néanmoins rejoints par la jeune Dafne Keen, véritable révélation du film qui pique par moment la vedette au personnage éponyme, c’est pour dire !


Dès le début, le film nous happe en dévoilant les faiblesses et souffrances du personnage pour finalement le lancer dans une dernière quête, durant laquelle il va se retrouver et donner un sens à sa vie. Bref, une histoire touchante qui porte sur un piédestal l’une des icônes les plus emblématiques de l’univers Marvel jusqu’à un final qui fera couler quelques larmes à coup sûr. Le tout mené avec une telle simplicité que l’ensemble s’en retrouve renforcé et touchant au possible. Et donnant par la même occasion la puissance que tous espéraient avoir de la part du dernier long-métrage avec Hugh Jackman dans la peau de Wolverine. Une pépite difficile à oublier !

Créée

le 8 avr. 2017

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