Les plans, décors, couleurs, paysages, plis des robes, rapports entre les blancs, rapports entre la bourgeoisie blanche et les descendants des esclaves noirs à leur service, répartition des rôles hommes femmes dans le ménage....tout dans ce film, nous plonge dans la vision idyllique mais vite suspecte de ce monde parfait , de ce paradis artificiel dans lequel les blancs se complaisent. Je souhaite apporter cette précision car ne sont-ce ces blancs finalement qui sont les véritables esclaves d'une vie déjà dessinée et attachée aux chaînes de la bienséance, du qu'en dira t on, et d'un ordre social établi ?
La fin du film illustre cette hypothèse. Raymond part, lui, recommencer une autre vie avec sa fille. Cathy, elle, reste.


A cette dichotomie, s'ajoute bien sûr le carcan familial et marital. Son mari lui aussi part, impuissant à dompter son être profond et sa nature. Cathy, elle, reste. Elle accepte les responsabilités que cette société lui enjoint d'assumer.


Un personnage bien énigmatique cette Cathy, trop parfaite, trop souriante, trop tolérante, que fait-elle de ses émotions, humiliations, colères et injustice ? fait-elle semblant ou est-elle réellement une sainte ? Dans "sur la route de Madison", la souffrance de cette femme tiraillée entre son devoir et sa passion est cruellement filmée et ressentie, on ressent ce déchirement intérieur.
Chez Cathy, cela semble beaucoup plus enfoui et le réalisateur ne s'attarde pas sur son intériorité. Peut-être car le but du film n'est pas comme dans la pièce de théâtre ( sur la route de Madison) de se concentrer sur les émotions des personnages mais plutôt de dresser un portrait de cette époque et l'extrême difficulté de sortir du rang et du rôle que la société nous donne dès la naissance.


Le montage, les plans, les décors du film incarnent à merveille le message qu'il entend donner.
Une mise en abime assez captivante. Cet enchevêtrement d'ailleurs illustre lui-même au combien nos vies appartiennent aux circonstances temporelles dans lesquelles nous vivons, ce qui nous laisse imaginer que nous pourrions être tout autre si nous vivions à une autre époque. Espérance ou désespoir.
Ce film et les critiques m'ont donné envie de regarder Safe. A suivre.

Cesarum
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le 22 mars 2018

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