Lost Highway est ce que sont beaucoup de films d'auteur devenus cultes : un film qui vieillit très mal.

Pourtant, il y a quelque chose de très important pour moi, quel que soit le film dit "culte" que je vois, je lui donne toutes ces chances ; je ne vais pas le voir si je n'ai pas envie de le voir (ça peut sembler bête, mais je ne me fie pas au statut, j'attends d'avoir l'envie d'avoir envie hihi) et je n'y vais que dans les meilleures conditions, c'est à dire au cinéma.

Conditions respectées pour Lost Highway, j'ai profité de la numérisation de ce Lynch et de sa re-sortie en salle.

Avant tout, et c'est la raison même de cette critique, c'est qu'il y a une chose effroyable quand on voit les nombreux 10/10 et qu'on se balade sur les critiques de ce film, c'est à quel point la nuance y est inexistante. Le principe fondamental d'une critique est quand même de l'écrire en ayant un esprit critique.

Pour commencer sur le positif, le travail au niveau de la prise de vue est très sympa, l'esthétique est pensée, elle est belle et nous amène aisément dans sa noirceur. La première situation est immédiatement stressante, la mise en tension réussie.

Et là, catastrophe, dès la seconde scène les deux personnages principaux s'expriment et on a déjà affaire au pire dialogue du film, et pourtant la qualité de tous ceux qui ont suivi est déplorable. Le scénario m'a fait penser à tous les Nolan après Memento : une mise en place d'un pseudo système complexe qui se révèle juste totalement stupide.

Monsieur Lynch, quand on ne sait pas écrire, on embauche des gens qui savent écrire, des scénaristes par exemple.

Patricia Arquette n'a que très peu à jouer, son moment de gloire dure l'espace de 5 minutes, et c'est bien l'unique fois où elle ne parle pas avec la voix d'une personne qui a trois noix dans la coquille. Profitons-en d'ailleurs pour parler un peu de sexisme, le seul personnage féminin (joué par Patricia Arquette) passe la majorité du film à poil, et ce gratuitement dans des énièmes et énièmes scènes de sexe ou non d’ailleurs, parfois elle est juste nue. Elle est tellement sexualisée et donc si peu vêtue que ses tétons sont au garde à vous continuellement, elle est à deux doigts de se briser les chevilles sur des talons de 10.

Il y a quand même de nombreuses autres façons de traiter le sujet du vice que dans cette fenêtre étriquée qui dure tout de même 2h15.

N'oublions pas la fameuse scène, si tordante, entre deux gardiens de prison : "le gars qui a tué sa femme m'a fait flipper.

- Lequel ?

- Ahahahah. On s'esclaffe".

Qu'est-ce que c'est profond comme mention du féminicide, comme si tout le sexisme ambiant n'était pas suffisant.

Le discours est aussi problématique en ce qui concerne la vision de la maladie mentale, pourquoi faut-il encore qu'un psychopathe ait un trouble de la personnalité ?

Lynch traite de la banalisation du sexisme, de la violence faite aux femmes, mais bien sûr le personnage violent a une maladie mentale, bah oui, paye ton niveau de banalisation.

On peut aussi mentionner le passage constant du sombre au blanc lumineux additionné à des sons stridents. Au final c’est un choix de réalisation qui peut se comprendre, traduisons la violence par le désagréable. Personnellement je n’aime pas, mais ce n’est bien sûr pas un argument.

Pour en finir, Lost Highway est malheureusement un autre film “culte” ancré dans son époque dans ce que ça a de négatif. Et pour moi, c’est tout simplement triste.

UbuProfane
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le 18 févr. 2023

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UbuProfane

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