23:30, 10 minutes avant la fin de cette ode à la schizophrénie qu'est ce splendide Lost Highway, je demeurais particulièrement fier de moi puisque j'avais réussi à comprendre la plupart des délires dans lesquels nous emmenait le film. Et le tout sans avoir les yeux rouges sang et le cerveau en ébullition.

Cependant voila, ce que je redoutais arriva. Pour la plupart des films (de qualité j'entend bien) la fin est sûrement le moment le plus important. Pour les blockbusters par exemple c'est à ce moment là qu'on envoie la moitié du budget, mais chez Mr. Lynch c'est bien différent. Dans son cinéma la fin est présente dans le simple but de nous faire comprendre que même en faisant preuve d'une extrême intelligence, nous ne pourrons jamais tout voir et tout comprendre. Que même en étant resté concentré pendant deux heures devant votre écran rien ne vous empêchera de rester ahuri devant le délire des cinq dernières minutes.

C'est pour cela que ce Lost Highway et le prolongement logique de la filmographie de Lynch. Cette oeuvre devant laquelle vous ressentirez une immense frustration, devant laquelle vous aurez l'impression d'être totalement en dehors du public cible. Sauf que non. Tout le problème est là : la plupart des films de David Lynch n'ont absolument pas de public cible. Plus que jamais ce film est une projection de l'imaginaire de Lynch ayant pour seul but de nous envoûter, de suivre l'histoire qui nous est racontée sans forcément chercher à la comprendre.

Après il est sur que certains n'aimeront pas et trouveront ce film sans interêt. D'autres en seront fous et le revisoneront des dizaines de fois pour comprendre toutes les petites métaphores et tout les petits détails qui y sont laissés. Pour ma part je suis entre les deux. Autant j'ai grandement apprécié le voyage onirique sur fond de musique métal que nous offre David Lynch, autant je ne le regarderais pas encore et encore, car pour moi toute la qualité du métrage repose sur son mystère, sur cette obscurité ambiante. Lui retirer tout cela serait le tuer.

P.S : Si vous êtes fatigué, ne regardez pas ce film avant d'aller vous coucher, vous risqueriez de cogiter toute la nuit.
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le 11 mai 2014

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